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La loi “bioéthique”, Pour quoi ? Pour qui ? Pour quand ?

Illustration de l'article 'La loi “bioéthique”, Pour quoi ? Pour qui ? Pour quand ?'

Historiquement, ce projet de loi vient dans la continuité de la Loi (n° 2013-404) du 17 mai 2013 ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe.

Depuis cet été, l’accès à la PMA pour toutes fait l’objet d’un débat animé dans le cadre de la révision de la loi bioéthique du 7 juillet 2011. Cette loi vient donner les limites morales appliquées à l'expérimentation et aux pratiques scientifiques. Le projet de loi bioéthique permettrait notamment l’accès à la procréation médicalement assistée aux couples lesbiens, avancée majeure dans les droits des homosexuels en France.

Petit rappel historique de l’homosexualité face à la loi.

Il apparaît tout d’abord essentiel de rappeler que l’homosexualité a été dépénalisée par l’adoption du premier Code pénal en 1791. Avant 1791, on parlait de “crime de sodomie” : ce qui était pénalisé, c’était l’ensemble des actes sexuels sans visée procréative. Autrement dit, toute personne s’adonnant à des relations sexuelles avec une personne du même sexe (entre autres) pouvait se voir punie comme le sont aujourd’hui les meurtriers, les violeurs etc. sans parler des condamnations de l’époque…Rappelons que l’abolition de la peine de mort n’est arrivée qu’en 1981 (Merci Robert Badinter).

Le régime de Vichy est venu repénaliser l’homosexualité dès lors qu’un mineur de moins de 21 ans était impliqué (18 ans depuis 1974). Ce n’est qu’en 1982 que la discrimination d’âge de « majorité sexuelle » dans les relations entre personnes de sexe opposé (15 ans) et de même sexe a été supprimée.

Une autre date à laquelle il est important de prêter attention est le 17 mai 1990. Il n’y a que 30 ans que l’homosexualité a été retirée de la liste des maladies mentales de l'Organisation mondiale de la santé.

En 1999, une loi est adoptée mettant en place le Pacte civil de solidarité (PACS), ouvert aux couples hétérosexuels et homosexuels. Cette loi a connu une très forte contestation de la droite, preuve en est, seule Roselyne Bachelot, députée du Rassemblement Pour la République (ancêtre de l’UMP, s’appelant maintenant les Républicains), a voté pour.

Ce droit a par la suite ouvert un débat relatif à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, et ce notamment pendant la campagne présidentielle de 2007. Dans la continuité, ce débat n’a eu de cesse de dynamiser la campagne présidentielle de 2012. Promise par François Hollande, aussi bien lors de la campagne présidentielle que législative, la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe est adoptée définitivement par l’Assemblée nationale le 23 avril 2013. Le 17 mai 2013, la loi est promulguée par le président de la République.

En conclusion, cette reconnaissance de l’amour véritable entre deux personnes du même sexe a mis des siècles à être légalisée. Sans parler du fait que, dans l’opinion publique, cette reconnaissance n’est pas réellement majoritaire, comme le prouve la Manif pour tous, qui affiche clairement son opposition à la reconnaissance des droits (égalitaires) des couples homosexuels.

Tout ça pour expliquer que le message que tente de véhiculer la loi bioéthique n’est apparu que depuis peu et que, même si les mentalités changent avec le temps, le français “lambda” reste conservateur. Il sera donc difficile de faire accepter cette idée par le peuple et par conséquent par les autorités en charge de l’adoption de cette loi, autorités censées représenter l’opinion politique.

Bien que la loi pour le mariage pour tous ait été promulguée il y a maintenant plus de 7 ans, elle continue d’avoir son lot d’opposants, notamment dans son application par les élus locaux :

  • - Le maire de Bollène, commune du Vaucluse, a refusé en 2013 d’unir un couple homosexuel en invoquant ses convictions religieuses...(Heureusement que nous vivons dans un Etat “laïc” depuis 1905.) Elle a par ailleurs refusé de déléguer ce pouvoir à son adjoint. On assiste là à une entrave claire et nette à un droit pourtant acquis ! Bien que les deux femmes aient finalement pu être unies par l’adjoint au maire, une telle récalcitrance ne devrait pas émaner de nos élus publics, compte tenu de la laïcité de l’Etat.
  • - Dans la commune de Fontgombault, le conseil municipal avait en 2014 invoqué une « loi naturelle supérieure aux lois humaines » pour justifier le refus d’unir les couples homosexuels. Le maire ne s’est pas retenu de dire à la presse : « Hors de question de marier des pédés ! Je ne le ferai pas. » Cette loi est bien loin de faire l’unanimité.
  • - Le maire de Maubeuge se refusait lui aussi de célébrer personnellement les mariages de couples de même sexe.

De nombreux couples homosexuels ont également connu des difficultés majeures dans le processus d’adoption. Théoriquement depuis 2013, les couples homosexuels peuvent adopter des enfants, mais dans les faits c’est un peu plus compliqué.
Pour illustration, voici les propos tenus par le psychologue chargé de l’adoption en Seine-Maritime Pascale LEMARE lors d’une interview sur France Bleue le 18 juin 2018 : « Ils sont un peu atypiques par rapport à la norme. Si leur projet supporte des profils d’enfants atypiques, ils ne seront pas prioritaires, mais ils ne seront pas exclus de l’adoption. » Que de leçons à tirer de tels propos ! Premièrement, rappelons que par atypique il est entendu « enfant malade ou handicapé ». Concrètement, les seuls enfants proposés à l’adoption aux couples homosexuels sont les enfants dont les couples hétérosexuels ne veulent pas du fait de leur “différence”.
Autrement dit, dans la procédure d’adoption, les couples homosexuels et hétérosexuels ne sont pas sur un pied d’égalité, la catégorie d’enfants dits “normaux” étant clairement réservée aux couples hétéros.
Bien que Madame LEMARE ait été suspendue suite à ces propos à la presse et qu’une enquête ait été ouverte, ce n’est pas un cas isolé puisque beaucoup de couples homosexuels se sont vu “découragés” dès le dépôt du dossier d’adoption… Et on ne peut que les croire lorsque l’on voit que Jean Marie Muller, président d’un conseil de famille en Meurthe-et-Moselle (assemblée qui décide du placement des enfants) s’est permis d’écrire dans son livre : “À chaque fois que nous en avons le choix, nous privilégions les couples formés d’un homme et d’une femme”. Difficile d’affirmer qu’il existe un droit réel à l’adoption...

C’est dans cet environnement juridique encore hostile à l’égalité des droits à la famille que la loi bioéthique est discutée.

Que dit le projet de loi concrètement ?

Ce projet de loi résulte d’une clause de révision contenue dans la loi du 7 juillet 2011 relative à la bioéthique. Autrement dit, dès son adoption, il était prévu que la loi devait être révisée tous les sept ans. Ce projet est l’aboutissement de cette clause de révision.

Le projet de loi bioéthique contient une mesure phare : la PMA pour toutes les femmes, une technique pour l’heure uniquement accessible aux couples hétérosexuels désirant avoir un enfant, et ce sur indication médicale. Ce projet aurait pour but d’élargir son accès aux couples de femmes et aux femmes seules. Ainsi, afin de répondre aux situations de double infertilité dans les couples, le recours à un double don de gamètes (ovocyte et sperme) au cours d'une même tentative de PMA serait permis.

Une autre mesure phare du projet de loi, et dans la continuité de l’ouverture à toutes de la PMA, sera la possibilité pour les deux mamans de reconnaître l’enfant né d’une PMA, même avant la naissance. Cette mesure permettra d’effacer les différences entre la femme qui a porté l’enfant et sa compagne.

De manière générale, les droits de l’enfant né d’une PMA seraient renforcés et notamment par un droit d’accès à ses origines. Dès sa majorité, l’enfant pourrait avoir accès soit à des données non identifiables, à savoir l’âge, les caractéristiques physiques, etc., soit à l’identité même du donneur, à condition que ce dernier soit d’accord.

Même en dehors de tout motif médical, il serait possible de procéder à l'autoconservation des gamètes aussi bien pour les hommes que les femmes afin qu’ils puissent recourir à la PMA plus tard.

Au-delà de la PMA, le projet de loi a également pour objectif de faciliter la recherche scientifique, ces dispositions étant scientifiquement trop complexes pour être développées ici.

C’est dans ces termes que l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi le 31 juillet 2020.

Pour quand ? Adopter n’est pas promulguer.

Début août, nous avons vu dans les gros titres : “L’assemblée nationale a adopté le projet de loi ouvrant la PMA aux couples de personnes du même sexe.” Mais qu’est-ce que cela signifie ? Concrètement, on en est où ?

Afin de mieux comprendre, une petite explication de la procédure d’adoption des lois permettra d’y voir plus clair. Vous avez peut-être déjà entendu dans les journaux le terme “navette parlementaire”. En France l’adoption d’une loi passe par le processus que l’on appelle navette parlementaire, c’est-à-dire l’examen successif d’un projet de loi par l’Assemblée nationale et le Sénat, l'adoption définitive d'un texte résulte de son vote dans les mêmes termes par l'Assemblée Nationale et le Sénat par un mouvement de va-et-vient du texte en discussion.

L’Assemblée nationale, c’est cet hémicycle que les journalistes aiment à présenter (de manière plus ou moins réaliste) comme le lieu où nos députés font des discours, applaudissent, jouent à Candy Crush, ou dorment. Quant au Sénat, ses membres sont élus par des grands électeurs c’est à dire des élus départementaux et municipaux.

À l’heure actuelle, les députés et les sénateurs s’opposent sur de nombreux articles du texte et notamment sur les articles relatifs à l’ouverture de la PMA pour toutes.

Le premier examen du projet de loi date du 15 octobre 2019 par l’Assemblée nationale, laquelle a largement modifié le projet de loi dans son état primitif. Elle a notamment amélioré la prise en charge des enfants présentant une variation du développement génital, et elle a en autre réaffirmé l'interdiction de la gestation pour autrui (GPA).

Le 4 février 2020, le Sénat adopte à son tour le projet mais en apportant également son lot de modifications, notamment sur les dispositions sur la recherche scientifiques.

Le 31 juillet 2020, l'Assemblée nationale adopte en deuxième lecture le projet de loi. Elle a rétabli dans ses grandes lignes le projet de loi, tel qu'elle l'avait voté en octobre 2019, avec plusieurs modifications d'importance, ce qui marque les nombreux désaccords persistants entre l’Assemblée nationale et le Sénat. En effet, lors de cette lecture l’Assemblée nationale a dû se questionner sur l'acceptation ou non de pas moins de 2 000 amendements (c’est-à-dire de modifications du texte).

Autrement dit, à ce jour il n’existe aucun consensus sur le contenu de la loi, il faudra attendre au moins janvier 2021 avant que le projet de loi ne repasse devant le Sénat. Cette réforme a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de se voir promulguée par le Président de la République.

Les grands oubliés du projet de loi

→ La ROPA (réception des ovocytes de la partenaire)

À première vue, il s'agit d'une fécondation in vitro (FIV) tout ce qu'il y a de plus classique, avec stimulation ovarienne et ponction des ovocytes (prélèvements des ovules directement dans les ovaires), où la rencontre entre un spermatozoïde et le dit ovocyte se fait en laboratoire. L'embryon qui en résulte est ensuite transféré dans l'utérus. Dans le cadre d'une ROPA, c'est un peu différent : l'embryon implanté a été conçu à partir du sperme d'un donneur et des ovocytes de celle qui ne porte pas l'enfant. Il s’agit d’une manière, pour les couples lesbiens, de réellement partager la maternité.

En première lecture à l’automne 2019, l’ouverture de la ROPA avait déjà été refusée. Certains députés LREM, notamment Raphaël Gérard et Laurence Vanceunebrock-Mialon ont tenté de défendre à nouveau cette mesure en présentant à l’Assemblée cette technique pour le moins méconnue, ce qui pourrait expliquer cette réticence : « l’inconnu fait peur ». Malgré cette louable tentative, cette mesure a définitivement été abandonnée.

Pour s’opposer à une telle mesure, la ministre de la santé de l’époque, Agnès Buzyn, avait déclaré que « la procédure touchait un principe fondamental de la médecine, qui était celui de pratiquer seulement les actes médicaux nécessaires et justifiés médicalement. Or là, le don ROPA ne l’est pas. »

Par ailleurs, cette mesure contreviendrait au principe d’anonymat du donneur. Aujourd’hui un couple qui a recours à la PMA ne peut pas aller voir un donneur en disant : « Je voudrais que vous me donniez votre ovocyte et nous allons ensemble dans un centre de PMA. »
La ROPA permettrait aux femmes en couple avec une femme de choisir des donneurs de gamètes, Il s’agit d’un processus dérogatoire par rapport au droit commun qui continuera toutefois à s’imposer aux couples hétérosexuels et aux femmes seules.
Avec la ROPA désormais rejetée, les couples de femmes devront, en cas d'infertilité, avoir recours à un don d'ovocytes, dont on sait déjà que l'attente s'étend sur plusieurs années. Pourquoi obliger un couple de femmes à recourir à un don d'ovocytes, alors qu'éventuellement celle qui ne porte pas peut utiliser les siens ? Cette révision est « consensuelle et minimaliste » et ne s'éloigne pas du modèle hétéronormatif.

Par ailleurs, certains députés ont même affirmé : « Dès qu'on permet quelque chose de nouveau, il y a toujours l'ombre de la GPA qui plane. »

→ La GPA (gestation pour autrui)

En France, la GPA a été interdite par la loi du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain qui a introduit dans le code civil un nouvel article 16-7 selon lequel « toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle ». Dans le cadre des débats sur la révision de la loi bioéthique, cette interdiction est peu remise en cause. Seules les questions relatives à la reconnaissance dans le droit français des enfants nés à l'étranger par une GPA ont évolué ces dernières années.
La gestation pour autrui est le fait d'avoir recours à une mère porteuse : une femme qui porte un enfant pour un couple à qui l'enfant est remis à sa naissance.

Comme la GPA est interdite en France, en Allemagne ou en Italie, certains couples se tournent vers d'autres pays pour y avoir quand même accès. Cependant, les parents français peuvent ensuite rencontrer des difficultés juridiques pour que l'enfant soit reconnu comme étant le leur. En effet, la France est opposée à la transcription complète sur les registres de l’état civil français des actes de naissances remis par les Etats autorisant cette pratique ne peuvent être transposés dès lors que cet acte l’aboutissement, en fraude à la loi française, d’un processus d’ensemble comportant une convention de gestation pour le compte d’autrui.
La France justifie ce refus de reconnaissance de filiation en expliquant que cette non-transcription "ne prive pas les enfants de la filiation maternelle et paternelle que le droit étranger leur reconnaît, ni ne les empêche de vivre avec “leurs parents” en France.
En 2014, le Premier ministre Manuel Valls a affirmé que « le gouvernement exclut totalement d’autoriser la transcription automatique des actes étrangers, car cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA ».

Au-delà des problèmes juridiques qu’elle suscite, la gestation pour autrui pose avant tout des questions éthiques. Cette pratique est considérée comme une marchandisation du corps de la femme mais aussi de l’enfant, parfois à raison, de nombreuses agences proposant l’accompagnement dans le processus de GPA, dans les pays qui autorisent cette pratique.
Les États fondent son interdiction sur les principes d’indisponibilité du corps humain, de l’état de la personne et, plus généralement, de respect de la dignité humaine. Autrement dit, il n’est pas possible de commercialiser le corps humain.
L’indisponibilité du corps humain et le respect de la dignité humaine sont deux des plus grands principes du droit français, pour preuve le don du sang n’a été légalisé qu’en 1952 et le don d’organe en 1976, pourtant leur nécessité ne fait aucun doute aujourd’hui, de surcroît l’on parle bien de don et non de vente (du moins de manière légale). Il n’existe pas de droit à l’enfant. En aucun cas, un enfant ne peut être traité comme un bien dans le commerce. Aucune convention ne peut être conclue relativement au corps d’un enfant à naître ou déjà né. En ce sens, il est certain que le principe d’indisponibilité est une règle fondamentale du droit privé.

Au-delà du débat juridique, il existe un réel débat social sur la légalisation de la GPA. Selon un sondage IFOP réalisé en 2016 à la demande de l'association ADFH (Association des Familles Homoparentales), la majorité de la population française n'est pas opposée à la pratique de la gestation pour autrui.

Les résultats de l'enquête sont les suivants :

→ 57% des Français se montrent favorables à une légalisation encadrée de la GPA destinée à des couples d'hétérosexuels.
→ 44% sont favorables à la GPA pour les couples d'homosexuels.
→ 64% souhaitent que les enfants nés par GPA à l'étranger jouissent des mêmes droits que les autres enfants nés à l'étranger de parents français.
→ 66% des personnes interrogées ont déclaré avoir une bonne image d'une femme qui accepterait d'être mère porteuse.

La philosophe et universaliste Élisabeth Badinter croit qu'une pratique éthique de la GPA est possible avec un réel encadrement rigoureux et des conditions précises, notamment une absence de rémunération de la mère porteuse impliquant une motivation altruiste mais également par une gestion exclusive par des associations et une absence d’activités lucratives autour de la GPA.
La position culturaliste de Badinter définit avant tout la mère comme celle qui s'occupe de l'éducation et qui apporte le soutien affectif.

Pour l’heure, même la GPA éthique est rejetée du projet de loi bioéthique. Mais cette persévérance dans la prohibition de la GPA ne constituerait-t-elle pas une inégalité si la PMA venait effectivement à être ouverte à toutes en France ?
Alors que la PMA est sur le point d’être accessible aux couples de femmes, cette avancée offrira une nouvelle voie vers la parentalité aux couples lesbiens outre l’adoption permise depuis 2013, la révision de la loi bioéthique se bornant à restreindre à l’adoption les voies légales de l’accès à la parentalité pour les couples gays.
Cette ouverture de la PMA sans autoriser la GPA constitue une discrimination nette envers les couples d’hommes, d’autant plus lorsque l’on connaît les conditions d’adoption pour les couples homosexuels.

Désormais, il y a lieu d’attendre la prochaine lecture du projet de loi par le Sénat pour savoir s’il est possible d’arriver à un consensus sur les avancées qu'offrira la loi en matière de bioéthique. Mais pour l’heure, la ROPA et la GPA sont écartées de la discussion, peut-on espérer qu’elles reviennent dans le débat lors de la prochaine révision de la loi bioéthique ?

Illustration: @carolejaillot

Une nouvelle association féministe à Annemasse !

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Aujourd’hui, vos rédacteur-rice-s de Queer Gai.e.s News sont allé.e.s rencontrer les Sœurs d’Olympe ! Mais qui sont-elles ?

Les Sœurs d’Olympe, c’est une jeune association féministe créée en juillet 2020. Elles ont trouvé leur inspiration auprès de la célèbre Olympe de Gouges, morte guillotinée le 3 novembre 1793 et qui fut l’auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle est à ce jour l’emblème de nombreux mouvements féministes. Les Sœurs d’Olympe se compose d’une dizaine de femmes de tous âges, dont les vies sont remplies de douloureuses expériences. Elles ont pour projets :

  • - D’accompagner les femmes victimes de toutes violences avec notamment une aide juridictionnelle gratuite, des cours de self défense à un tarif abordable, la mise en place de soins de réflexologie, de reiki et autres soins « cocoon » gratuits pour les adhérentes , de groupes de paroles une fois par mois (dans l’attente d’avoir trouvé un.e psychologue pour encadrer le groupe) , ainsi que l’accompagnement physique et moral des femmes pour porter plainte, pour lire avec elles des dépositions ou comptes-rendus d’enquête avec une attention bienveillante.
  • - De proposer des sorties : comme des randonnées, des cinémas avec un accompagnement et raccompagnement à votre voiture pour assurer votre sécurité du début à la fin.
  • - De faire de la prévention sur le consentement et les violences sexistes ordinaires dans les écoles, dans certains quartiers et même auprès de certaines institutions et des forces de l’ordre.
  • - De proposer une médiathèque ambulante qui mettrait en avant la culture féministe !

Les Sœurs d’Olympe organisent le samedi 12/09 à la gare d’Annemasse un évènement intitulé « Je te crois ». Il permettra de redonner la parole aux victimes. Pour cela, elles vous proposent de raconter votre histoire et de l’écrire avec vous pour qu’elle tienne sur une ou plusieurs pancartes. Ces pancartes seront portées autour du cou par toutes les personnes qui souhaitent participer à l’évènement.

Ainsi, pour les 64 femmes qui ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint depuis le 03/09/2020 (selon les chiffres du collectif Féminicides par Compagnons ou Ex), en hommage aux 152 femmes victimes de féminicides en 2019, rejoignons les Sœurs d’Olympe en ce samedi 12 septembre, brisons le silence et écoutons enfin les victimes.

Pour envoyer votre témoignage : info.lessoeursdolympes@protonmail.com

Pour plus d’information :
Les retrouver : Les_soeurs_dolympe sur Facebook et Instagram
Lien évènement Facebook : Je te crois / Annemasse

Et si la légèreté n'était pas une question de kilos ?

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Les expressions « coming-out » et « sortir du placard » viennent toutes deux de la langue anglaise, qui utilise l’image d’un placard dans lequel on serait caché avant de révéler son orientation sexuelle, comme un petit cocon dans lequel on se réfugie et où l’on cache nos véritables désirs. Le « coming out » signifie littéralement que l’on sort de cet abri pour se dévoiler. Très souvent rattaché à l’homosexualité, comme en témoignent les définitions données par les dictionnaires de référence de langue française, le coming-out semble avoir une signification bien plus large si on cherche à analyser son étymologie. En réalité, « faire son coming-out », c’est annoncer volontairement une orientation sexuelle différente de la norme ou une identité de genre autre que celui assigné à la naissance à son entourage. Une telle définition nous pousserait donc à croire que les hétéros se doivent également d’annoncer leurs désirs pour se dire « out ». Pourquoi les hétéros n’ont-ils pas à annoncer eux aussi leurs désirs pour être « out » ? Pourquoi associer, et surtout pourquoi imposer une telle étape à la communauté LGBT+ ? Je pense qu’il y a matière à creuser.

Récente « out » que je suis, j’ai pu m'interroger sur tout le processus du coming-out, aussi bien personnel (ce que je veux dire par là c’est l'acceptation personnelle de mon homosexualité) que public. Pour ma part, ça n’a pas du tout été spontané ou logique, il m’a fallu des années pour comprendre mon homosexualité. Parfois j’ai l’impression que pour certaines personnes (notamment celles à qui on l’annonce) il n’y a que ce fameux coming-out et basta, sauf que non.

Avant, il y a des années de questionnement : « Qui suis-je ? », « Pourquoi est-ce que je ne me sens pas comme les autres ? » Surtout s’il n’y a aucun modèle dans son entourage…Pendant des années je me suis surprise à regarder avec plus d’insistance les femmes, et je me disais simplement « c’est uniquement pour comparer avec moi… ».

Après avoir vainement essayé de me caler sur la “norme familiale” que la société continue de nous imposer, à la télévision par exemple : un mari, un chien, une maison et 2 enfants (j’avoue que je vais le cliché mais l’idée est là), j’ai fini par constater que cela ne me procurait aucune émotion, c’est ainsi que, d’une certaine manière, j’en suis arrivée à l’étape de la compréhension. J’ai assez mal vécu cette période durant laquelle je me suis demandé si je ne devais pas combattre “ces” attirances et qu’en réalité il ne s’agissait que d’une passade. Quoi qu’on en dise, même à notre époque, cette période est longue.

Ensuite, il y a eu l’acceptation : « Après tout, pourquoi résister et se rendre malheureux-se ? ». Pour moi, il y a eu un événement « déclic » : quand ma sœur nous a annoncé qu’elle attendait un enfant. Etant issue d’une famille nombreuse, chaque nouvelle naissance ravit toujours la famille. La personne la plus heureuse (après moi, soyons clairs), bizarrement, j’ai l’impression qu’il s’agit de mon beau-père (le nouveau mari de ma mère), à croire qu’il en rêvait depuis des années, il était déjà toute chose lorsque ma sœur lui a ramené un gendre capable de porter une cotte et changer des pneus. Mais c’est ce jour-là que j’ai compris que l’acceptation est nécessaire au bonheur, c’est ce jour-là que j’ai compris qu’il fallait accomplir nos rêves et nos désirs pour être heureux. Si elle avait trouvé le bonheur en étant elle-même, alors moi aussi. À ce moment-là, on a déjà un léger poids en moins.

Vient seulement alors le fameux coming-out, qui semble être réellement propre à chacun, personne ne le vit de la même façon. Certain-e-s semblent le dire comme une fierté, moi non. Attention ça n’est ni une honte, ni une fierté, c’est juste une partie de moi, un trait de caractère assez important et intime pour que mon entourage soit au courant. Et puis il est différent selon le public, plus ou moins facile à faire. Pour ma part, je n’en ai pas parlé aux personnes dont j’étais la plus proche, comme ma sœur, ma cousine ou ma meilleure amie. Non, j’ai trouvé une amie que je savais ouverte d’esprit, qui a su m’écouter sans me juger. Finalement, l’annoncer aux personnes que tu côtoies depuis longtemps, les personnes les plus proches, c’est bien plus difficile que de le dire à des connaissances récentes. En leur disant, j’avais simplement peur qu’ils pensent que pendant des années je leur avais menti.

Puis, il y a « l’après », même si on dit aux autres « Je reste moi », pour ma part, je sens que quelque chose a changé en moi. Je n’arrive pas trop encore à saisir ce que c’est. Encore un mystère à découvrir. Mine de rien, ça reste quand même une nouvelle vie, une vie pas cachée et honnête. C’est plutôt étrange, en fait, on n’a pas vécu comme ça depuis longtemps. Depuis l’enfance en fait. Il faut se réhabituer à être soi-même.

Malgré mes peurs et mes réticences, la nouvelle a été très bien accueillie par tous mes amis, c’est tellement rassurant de voir que rien ne change dans leur comportement. Ils ont simplement été surpris que je ne leur aie pas dit avant, il m’a suffi de leur expliquer ce qu’il s’était passé dans ma tête avant d’en arriver là. Ils m’ont simplement dit, je cite, « C’est quand même dingue de se prendre autant la tête pour ça, ça devrait être banal de nos jours ». #jailesmeilleurspotesdumondecheck. J’ai le même groupe d’amis depuis maintenant dix ans, et dès mon annonce, ils se sont permis de faire des petites vannes, le genre de vannes qu’on a l’habitude de se faire entre nous. C’est dans ces moments-là que je comprends que c’était juste une info à leur donner sur moi, une info totalement banale au final, qu’ils ont “digéré” en trois secondes.

Concernant ma famille, c'est un peu plus compliqué pour l’instant, je l’ai seulement dit à ma sœur et ma cousine, mes parents j’ai pas encore vraiment eu l’occasion, et honnêtement je n’en ressens pas le besoin. Un jour, ça viendra, je leur dirai au détour d’un café, probablement de manière informelle. On verra ce que l’avenir me réserve, je ne me précipite pas, disons que je vis ma vie...

Si je devais donner un conseil : « Soyez vous-même, ne prévoyez pas les choses, l'annonce viendra au moment opportun. Le prévoir c'est ce qui fait le plus peur. » Le plus important, c’est être en accord avec soi-même, aujourd’hui je me sens tellement mieux dans ma peau, je n’ai plus ce “déchirement” en moi qui m’empêchait d’être tout simplement détendue. Depuis mon coming-out, je peux enfin être moi-même avec les gens que je côtoie tous les jours, plus besoin de faire attention à ce que je dis, à qui je regarde ou comment je regarde, etc. La vie me paraît bien plus légère depuis !

Illustration: @simpacid

Petit garçon

Petit garçon tu as 5 jours. Nous sommes le 11 juin 2020 et tu as vécu une renaissance il y a 5 jours. Une renaissance ? Oui oui, tu as eu ta première injection de testostérone. Une hormone masculine qui va permettre à ton corps de se modifier, de changer, d’évoluer dans le genre qui te correspond.
Tu es né il y a 20 ans dans un genre qui ne te correspondait pas.
Tu as vécu et grandi avec, et puis un jour tu as décidé que tout cela devait changer.

Petit garçon regarde tout ce que tu as traversé !
Tu as subi les moqueries, la dysphorie de genre, les coming-outs plus ou moins acceptés, les peurs et l’angoisse de débuter une transition. Tu as fait cela accompagné par tes amis mais pas par ta famille.
Tu as réussi, regarde !
Tu as 5 jours et c’est merveilleux.

Tu vas grandir, reconstruire ton corps dans le genre masculin. Tu sais que tout n’est pas fini mais tu te battras comme tu l’as toujours fait depuis des années. Petit garçon tu as fait ta première injection et cela a représenté une immense joie et fierté. Tu as vécu un grand jour que seules les personnes vivant cette inadéquation avec leur genre peuvent ressentir aussi fort. Cette première injection, ce petit produit pas bien gros, cette aiguille et voilà c’est fait. C’est fou qu’une injection puisse faire naître ce sentiment d’être enfin soi-même et heureux, non ? C’est incroyable petit garçon, OUI !

Tu as aujourd’hui vaincu tes premières peurs. Tu avances tranquillement et sereinement à présent vers ton avenir. Tu as certes 20 ans mais tu es né véritablement il y a 5 jours. À tes yeux tu peux maintenant tout vaincre et battre.

Vis et sois toi-même, tu verras que tu peux être heureux. Malgré certains avis de personnes que tu aimes profondément tu avances. Tu es un peu différent ? Ce n’est pas une faiblesse au contraire. Regarde comment ton parcours de transition t’a permis de découvrir une communauté, des personnes adorables, des techniques pour vaincre ta dysphorie, des lieux et des moyens pour effectuer ta transition. Tu ne peux qu’être fier d’être un homme transgenre, une personne transgenre. Vis aujourd’hui en étant enfin toi-même.

Petit garçon tu es un si grand guerrier.

Mise en page : malonamarie

Du queercoding au queerbaiting, déchiffrage des représentations LGBT+ au cinéma

Ce mois-ci, QGNews s'attaque à deux concepts relativement méconnus au sein même de la communauté LGBT+ : le queerbaiting (ou « appât à queers* ») et le queercoding (que l’on pourrait traduire par « codage queer »). Ces notions ne vous disent peut-être rien, mais je peux vous assurer que vous y avez déjà été confronté-e-s.

Avez-vous déjà ressenti la frustration de ne jamais voir deux protagonistes du même sexe s’embrasser ou s’avouer leurs sentiments, dans un film ou une série ? Alors que tous les indices sont réunis pour indiquer une attirance réciproque ?! D’espérer en vain à chaque épisode que cette relation, manifestement romantique pour vous, se concrétise ? Si vous répondez oui à ces questions, vous êtes probablement face à un exemple typique de queerbaiting. Il existe un autre test très fiable pour le vérifier : s’il s’agissait d’un homme et d’une femme agissant de la même manière, serait-ce suffisant pour que l’on s’attende à une romance ?

À mesure que de plus en plus de personnes sortent du placard ou rejettent les normes de genre établies, la communauté LGBT+ réclame une plus grande visibilité dans les films et les séries grand public. De nombreux long-métrages ne nous incluent tout bonnement pas, mais lorsqu’un personnage queer apparaît enfin quelque part, cette représentation est bien souvent imparfaite, peu satisfaisante, parfois caricaturale. Dans certains cas on assiste même à une véritable instrumentalisation de la communauté. Pourtant, la présence d’homosexuel-le-s dans les productions cinématographiques ne date pas d’hier. Au contraire, leur histoire est inextricablement liée à celle du septième art. Taboue, mal vue ou condamnée, l’homosexualité a été dépeinte de manière subtile, la plupart du temps négativement, pendant de longues années et les conséquences s’observent encore de nos jours, dans le cinéma actuel comme dans la réalité.

Le queercoding consiste à créer un personnage « codé » LGBT+ : c’est-à-dire à lui attribuer des caractéristiques généralement associées à l’homosexualité, mais sans mentionner explicitement son orientation sexuelle. Au cours de l’histoire, les stéréotypes utilisés ont généralement été ceux qui bousculaient les normes de genre, comme une voix « efféminée » ou du maquillage pour un homme, ou alors une femme portant des habits « d’homme ». Des traits qui n’ont rien de négatif dans la réalité, mais qui ont pu être associés à des jugements moraux par le biais des films. Un dialogue en apparence anodin pouvait également donner une indication, tout comme le fait qu’un personnage soit seul ou ne porte aucun intérêt au sexe opposé. À l’aide de ce procédé il était possible de coller une étiquette « queer » sur un personnage amusant, marginal ou sur le méchant d’une histoire, et de cette manière transmettre implicitement le message selon lequel l’homosexualité est quelque chose de risible ou même de mauvais. On retrouvait alors souvent les mêmes types de personnages, affublés de caractéristiques récurrentes qui laissaient entendre aux spectateur-rice-s leur non-hétérosexualité.

Aux Etats-Unis, sous la pression de lobbies catholiques, les années 1930 ont vu naître les Codes Hays, qui ont exercé une énorme influence sur les productions d’Hollywood pendant plusieurs décennies. Ils bannissaient entre autres la nudité, les « pratiques déviantes », les scènes trop sexuelles ou érotiques, etc. Pour être en accord avec ces règles, un film ne devait pas non plus attirer la sympathie de l’audience pour une personne dont les moeurs étaient jugées répréhensibles à l’époque, sous peine d’être censuré. Les valeurs morales de la société dictaient des codes de conduite ancrés dans les mentalités (si tu accomplis de bonnes actions, il t’arrivera de bonnes choses); on retrouve alors dans une longue liste de films des personnages dont l’homosexualité est sous-entendue : la plupart du temps, ils connaissent une fin tragique, se rendent coupables de crimes (quand leur orientation sexuelle n’est pas le crime lui-même) ou tiennent le rôle de l’ennemi du héros. Si vous souhaitez approfondir le sujet, le film « The Celluloid Closet » (disponible sur Youtube) retrace l’histoire de ces Codes Hays, et fait un tour d’horizon des représentations LGBT+ dans le cinéma hollywoodien au XXème siècle. Malheureusement, ils ont marqué en profondeur les réalisations cinématographiques et l’usage néfaste du queercoding n’a pas disparu. Parmi les exemples les plus célèbres et les plus récents, on peut citer les vilains de Disney : Ursula, dont l’apparence est inspirée de la drag queen « Divine », Jafar, Scar, Hadès, qui sont tous les trois plutôt maniérés et parfois exubérants, John Ratcliffe, qui prend soin de son apparence et n’aime pas le travail manuel, etc. Au fil du temps, l’inconscient collectif a intégré certaines représentations mentales, et se détacher de l’Histoire et des schémas que l’on nous a présentés jusqu’à maintenant n’est pas chose aisée. Ainsi, même si le but des réalisateur-rice-s n’est pas de donner une sexualité au personnage, ce codage queer sous-jacent reste présent. D’autres clichés subsistent encore, dans le cinéma français notamment on retrouve l’archétype de l’homosexuel efféminé visant à faire rire dans « La Cage aux Folles » ou encore dans « Chouchou ». Lorsqu’un long-métrage à succès ne dissimule pas l’orientation sexuelle d’un personnage, on constate encore très souvent qu’il se termine de manière dramatique. « Le secret de Brokeback Mountain » ça vous dit quelque chose ?

Mais le « queercoding » présente aussi des aspects positifs : c’était le moyen idéal pour passer à travers la censure et inclure un personnage queer dans un film. Il était ainsi possible de laisser de subtils indices, que seules les personnes LGBT+ attentives comprendraient. C’était il n’y a pas si longtemps encore que les personnes queers étaient dans l’impossibilité totale d’assumer leur sexualité au grand jour. Il fallait alors trouver des stratagèmes pour identifier « ses semblables ». Des intonations de voix, une manière de s’habiller, ou même un vocabulaire précis, faisaient discrètement passer un message et permettaient aux membres de la communauté LGBT+ de se reconnaître. Ceux-ci ont alors développé l’habitude de lire entre les lignes, de guetter les plus légers signes, et de décoder le sous-texte d’une oeuvre littéraire ou cinématographique. Ces subterfuges ont fait intrinsèquement partie du cinéma pendant si longtemps que, volontairement ou non, certain-e-s réalisateur-rice-s continuent de les utiliser. Malgré les applications positives de cette pratique, nombreux sont ceux qui en dénoncent aujourd’hui les dérives et acceptent mal d’être continuellement relégués dans l’ombre.

Ce qui nous amène au queerbaiting. Il s’appuie fréquemment sur ces indications implicites d’une orientation sexuelle et permet, dans une certaine mesure, de manipuler le public LGBT+. Il consiste à suggérer un intérêt romantique entre deux personnages du même sexe, sans jamais montrer explicitement cette relation à l’écran ni la confirmer. Les exemples abondent : de « Supernatural » à « Teen Wolf », en passant par « Sherlock Holmes » et « Killing Eve », des dizaines de séries tiennent en haleine leurs spectateur-rice-s en leur faisant miroiter les couples gays ou lesbiens qu’ils et elles rêvent de voir se former.

Il arrive aussi que l’on mentionne l’existence d’un personnage queer lors de la promotion d’un film ou lors d’interviews, mais que son homosexualité ne soit jamais clairement indiquée dans le produit final. Ou alors que les indices de sa non-hétérosexualité soient tellement subtils qu’ils en deviennent impossibles à relever, à moins de savoir exactement quoi chercher. C’était le cas, entre autres, dans « Dragons 2 » (le viking Guelfor annonce qu’il ne s’est jamais marié pour « diverses raisons »), dans « La Belle et la Bête » (avec LeFou, l’ami de Gaston), ou encore « Thor : Ragnarok », (où une scène laissant deviner la bisexualité de la valkyrie n’a finalement pas été conservée dans le film). À l’inverse, alors que rien dans l’oeuvre ne le sous-entendait, certain-e-s auteur-e-s ou réalisateur-rice-s annoncent parfois rétrospectivement que l’un de leurs personnages était LGBT+ depuis le début. Le cas le plus tristement célèbre reste à ce jour J.K. Rowling, qui avait révélé l’homosexualité de Dumbledore bien après la fin des livres et la sortie des premiers films. Problème, la supposée relation entre Albus et Grindelwald continue d’être délibérément passée sous silence dans « Les Animaux Fantastiques ». Alors quel crédit accorder à cette information si les films les plus récents font comme si J.K Rowling n’avait rien dit ?

Qu’il s’agisse de pure hypocrisie ou de pressions de la part des productions et des maisons d’édition, ce procédé est désormais vivement critiqué par les fans, qui tolèrent de moins en moins cette solution de facilité. Même avec les meilleures intentions du monde, la simple parole des acteur-rice-s, écrivain-e-s, scénaristes, etc. ne suffit plus. Évidemment, derrière cette pratique se cache des enjeux commerciaux : l’objectif est d’attirer l’audience LGBT+ sans rebuter le public hétérosexuel, de promouvoir la diversité sans prendre réellement de risques. L’excuse invoquée est habituellement celle de la censure en application dans de nombreux pays, comme la Chine, qui représente un marché considérable pour l’industrie du cinéma. Par ailleurs, en Russie, un des dialogues du dernier Pixar « En Avant » a été modifié et une scène de sexe dans « Rocketman » a été supprimée lors de sa sortie en salle. Même aux Etats-Unis certaines personnes ont boycotté « Le Monde de Dory », sous prétexte qu’un couple de femmes apparaissait quelques secondes. Encore une fois, il est possible de nuancer et d’argumenter que ces petits efforts montrent déjà un progrès de la société. On peut saluer la bonne volonté des personnes qui s’évertuent à être inclusives, mais se voient forcées de faire marche arrière devant certaines contraintes. Mais sommes-nous si désespérés de voir des personnages qui nous ressemblent que nous pouvons nous contenter de ces demi-représentations ?

Le cinéma reflète parfois les opinions de la société, et réciproquement les histoires racontées à l’écran véhiculent un certain message et peuvent elles-mêmes nous dicter quoi penser. Si le fait d’être gay ou lesbienne reste présenté comme quelque chose dont on n’ose pas parler, il sera toujours aussi difficile de sortir du placard. Nous avons besoin de modèles à qui nous identifier, autres que ceux dont on doit rire ou avoir honte. Nous avons besoin de voir que les relations queer ne valent pas moins que les romances hétérosexuelles. D’entendre plus de récits qui ne mettent pas l’orientation sexuelle du héros ou de l’héroïne au centre de tout. Et nous n’avons même pas parlé des représentations des personnes transgenres, asexuelles ou intersexes, qui restent infimes dans l’industrie du divertissement, en comparaison de l‘homosexualité ou de la bisexualité. Heureusement, de plus en plus de séries réussissent parfaitement à mettre en scène des personnages queers variés et complexes, et de nos jours nous pouvons profiter d’une multitude de films de qualité spécialement adressés aux personnes LGBT+. D’autres articles à ce sujet sont disponibles sur QGNews, n’hésitez pas à les consulter ! Category is : Divertissement !

*petite précision étymologique, « queer » est un mot anglais qui signifie « bizarre, étrange » utilisé comme un terme péjoratif à l’encontre de la communauté LGBT+. Ses membres se le sont par la suite réapproprié pour affirmer leur fierté d’être différent-e-s.

Une nouvelle boite de nuit LGBT+ sur Annecy

Pendant le confinement, les ancien.ne.s du Happy People ont créé un groupe Facebook « happy people remember », pour se souvenir des meilleurs (ou des pires) moments vécus dans l’une des plus célèbres boites de nuit annéciennes dans les années 1990-2000. C’est au même moment que l’équipe de QueerGaies News est tombée par hasard sur le compte Instagram de The Night Queer. Ce mystérieux compte Instagram aux couleurs gaies et aux photos de drag-queens nous a intrigué, et nous avons eu envie d’enquêter. Mais qui sont-ils ? Quel est leur projet ? Peut-il réellement y avoir une nouvelle boite de nuit aux couleurs de l’arc en ciel à la hauteur du mémorable Happy People à Annecy ?

Revenons un peu en arrière

Retournons quelques années en arrière, lorsque le Happy People était une référence dans le monde gay dans un premier temps, puis pour toute la communauté LGBTQIAP+. Souvenez-vous de ces années folles, durant lesquelles il y avait le choix pour sortir jusqu’au bout de la nuit entre plusieurs endroits comme le HP ou le Verre Luisant. Chaque Queer se souvient de ces années, remplies d’établissements aux couleurs gaies qui se sont fait de plus en plus rares, voire ont disparus pour la plupart, comme le regretté HP. Alors quand nous avons entendu parler d’un projet de boite de nuit LGBT+ sur Annecy, c’est en bon queers annécien.ne.s que nous avons essayé d’en savoir plus.

Le projet The Night Queer

Ainsi, derrière The Night Queer se cachent 3 jeunes étudiants plus motivés que jamais, de 18, 17 et 20 ans. Ils étudient dans les secteurs du commerce, de la gestion des entreprises et des ressources humaines. Ambitieux, tous les trois ont eu l’idée de fonder une boite de nuit queer lors d’une « soirée entre eux », nous disent-ils. Ils sont intéressés par le monde de la nuit et ont l’envie profonde de rassembler des personnes de la communauté, dont ils font tous ou presque partie. Ils nous promettent un endroit LGBTQIAP+ mais pas seulement, puisqu’ils nous évoquent le fait que The Night Queer sera également ouvert à tous. Ils nous font aussi rêver avec des soirées à thème chaque semaine que nous attendons d’ores et déjà avec grande impatience.

La volonté et le courage ne manquent pas à ses 3 jeunes ambitieux, cependant, ils comptent pour le moment exclusivement sur vos dons pour commencer le projet qui marchera peut-être un jour sur les traces du légendaire Happy People. The Night Queer sera-t-il le HP de demain ?

Pour les soutenir dans ce projet :
Lien de la cagnotte : onparticipe.fr

Pour les suivre :
Leur compte Instagram : @thenightqueer
Leur compte Facebook : The Night Queer

Pour les contacter :
Par mail : thenightqueer@gmail.com
Par téléphone : 06.32.42.61.58

Nos recommendations pour un (dé)confinement divertissant

Illustration de la série Pose

Vous n’en pouvez-plus de rester enfermé-e-s nuit et jour chez vous ? Vous avez besoin de décompresser après le travail en cette période difficile ? À tous ceux et toutes celles qui auraient déjà épuisé leurs suggestions Netflix ou commenceraient à manquer d’inspiration, voici quelques recommandations de films et séries LGBT+, à voir pour la première fois ou à redécouvrir, pour se changer les idées et se déconfiner dans la bonne humeur !

Nous commençons par un grand classique : « Paris is burning ». Il s’agit d’un film-documentaire sorti en 1991, réalisé par Jennie Livingston dans les années 80, qui explore le milieu queer et la sous-culture des « ballrooms » à New-York. Les scènes de bals sont entrecoupées de nombreuses interviews, dans lesquelles les personnes interrogées s’expriment sur les problèmes de santé, de racisme, d’homophobie ou transphobie que connaît la communauté LGBT+ à cette époque.

Sous la forme d’une fiction, « Pose », magnifique création du réalisateur Ryan Murphy co-écrite avec Brad Falchuk et Steven Canals, aborde la même thématique. La série explore la vie de personnages provenant de différents milieux sociaux, la formation des maisons (famille d’adoption pour les jeunes queers rejetés de chez eux), la concurrence entre celles-ci, les ravages causés par le sida dans les années 80…certains épisodes chargés d’émotion vous mettront certainement les larmes aux yeux. Et pas question de white, pink, ou straight-washing : le casting de « Pose » se compose majoritairement de membres de la communauté LGBT+ noire et latino, et réunit de nombreuses actrices transgenres. La série a été renouvelée pour une troisième saison originellement prévue pour 2020, alors restez à l’affût des prochaines informations.

Fréquentés majoritairement par la communauté LGBT+ afro-américaine, les bals étaient des espaces sûrs où n’importe qui pouvait « marcher dans une catégorie », c’est-à-dire s’affronter devant un jury en défilant dans des tenues correspondant à un thème défini (impliquant souvent que les hommes et les femmes se travestissent). C’est également de là que provient le « voguing », un style de danse qui, à l’origine, se base sur l’imitation des poses des mannequins dans les magazines de mode. L’influence de ce milieu underground s’observe de nos jours dans le vocabulaire des drag-queens, par exemple, ou dans « l’argot gay » anglais ; le « voguing » a gagné en popularité ces dernières années et se pratique désormais par un public bien plus large, pas seulement aux Etats-Unis. Une grande partie de la scène du drag actuelle est issue de cette sous-culture et des séries comme RuPaul’s Drag Race font souvent directement référence au documentaire « Paris is Burning ».

Nous quittons maintenant New-York pour Pittsburgh, en Pennsylvanie, avec « Queer as Folk », une production américano-canadienne diffusée dans les années 2000, adaptée de la série britannique du même nom. La version étasunienne suit la vie de cinq amis homosexuels, d’un couple lesbien et de leur entourage, sur une période de plusieurs années que couvrent 5 saisons. L’émission ne se contente pas seulement de décrire des relations amoureuses tumultueuses vécues par des personnages plus attachants les uns que les autres, elle s’attaque également à des sujets tels que le coming-out ou la place des homosexuel-le-s dans le paysage médiatique et politique de l’époque. 20 ans plus tard, cette série est toujours iconique !

Dans un registre plus léger, nous vous proposons également deux comédies qui aideront à vous changer les idées :

« 4th man out » raconte l’histoire d’Adam, qui, le jour de ses 24 ans, décide de faire son coming-out à ses meilleurs amis, tous trois hétérosexuels. Le film n’évite pas quelques clichés, mais certaines scènes ne manqueront pas de vous faire éclater de rire et on appréciera le scénario, qui ne se concentre par sur les intérêts romantiques du personnage principal mais sur l’évolution de la relation amicale qui lie les quatre hommes entre eux.

Sous un angle humoristique, « But I’m a Cheerleader » relate les mésaventures de Megan, une pom-pom girl que ses parents soupçonnent d’être lesbienne et envoient de force en thérapie de conversion. La jeune fille découvre alors son homosexualité et se noue d’amitié avec ses camarades d’infortune ; ils/elles traverseront ensemble des épreuves caricaturales de repassage pour les filles, et de réparation d’automobile pour les garçons, afin d’obtenir leur « diplôme d’hétérosexualité ». Même si cette comédie ne révolutionne pas le genre, elle reste merveilleusement divertissante !

Trouverez-vous votre bonheur parmi ces quelques suggestions ? En attendant la prochaine liste de recommandations spécialement LGBT+, n’oubliez pas…restez chez vous !

Pour regarder ces suggestions :
- « Paris is burning » à voir sur Netflix. Vous pourrez le trouver facilement sur Youtube.
- « Pose » à voir sur Canal +.
- « Queer as Folk » n'est pas disponible en streaming légal.
- « 4th man out » à voir sur Netflix. Vous pourrez le trouver facilement sur Youtube.
- « But I’m a Cheerleader » n'est pas disponible en streaming légal.

40 LGBT+ qui ont changé le monde

Illustration du livre 40 LGBT+ qui ont changé le monde

L'Histoire, à l'école, on peut le reconnaître, ça peut vite être barbant, selon comment c'est présenté...
De ces heures passées à se dormir dessus, une bonne partie de la population a développé une allergie à l'Histoire, mais Florent Manelli a trouvé le remède !

Par des portraits de personnages, plus courageux et audacieux les uns que les autres, il nous explique notre histoire à nous, les queers...

Et oui, bien qu'aujourd'hui il y ait encore beaucoup de chemin à parcourir pour les droits de la communauté queer, regardons un peu en arrière, afin de voir aussi tout ce qui a déjà été fait !
On part loin, dans des pays ou des époques où il en fallait une sacrée paire (d'ovaires, de testicules, ou de ce que tu veux) pour faire avancer les droits LGBT+ !
Beaucoup ont risqué leur vie, au nom de ce combat, et il est important de s’en rappeler...

D'une plume légère et poétique, Florent Manelli nous dresse 40 portraits de personnages à qui dire merci, 40 portraits qui l'ont fait, qui nous inspirent, et qui nous disent : Surtout, n'arrêtez pas de vous battre pour vos droits.
Il a même pensé à toi qui n'aime pas trop lire, en mettant des petites illustrations tout au long des textes, pour rendre le tout encore plus addictif !

On te le conseille vraiment, tu vas devenir incollable sur la culture queer !

40 LGBT+ qui ont changé le monde, Florent Manelli, Editions Lapin (2019). En savoir plus : florentmanelli.com

Parlons peu, parlons Pride

L’année 2019 a décidément marqué un tournant pour la communauté LGBTQIA+ des régions annéciennes et genevoises. En juillet dernier, la Pride faisait enfin son grand retour en Suisse romande après 8 ans d’absence, et quelques jours plus tard c’était au tour de la Venise des Alpes d’accueillir sa toute première Marche des Fiertés ! C’est l’occasion parfaite pour nous de retracer brièvement l’histoire de ces marches, et de nous rappeler pourquoi nous défilons chaque année sous les couleurs du drapeau arc-en-ciel.

L’origine du mouvement remonte à la fin des années 60, lors de ce que l’on appelle les émeutes de Stonewall. À cette époque, les droits de tous ceux et toutes celles ne correspondant pas aux normes sexuelles et de genre étaient bafoués, les arrestations étaient monnaie courante et ces personnes subissaient constamment une très forte répression policière. Le 28 juin 1969, dans ce contexte de tensions, la police new-yorkaise fait une descente au « Stonewall Inn », un bar mafieux dans lequel se retrouvaient habituellement homosexuel-le-s et transgenres, drag-queens, travailleur-euse-s du sexe, etc. C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres et une violente manifestation qui se poursuivra dans la rue éclate alors. Les occupant-e-x-s du bar refusent de se laisser faire, refusent de continuer à être victimes d’autant d’injustices et repoussent les forces de l’ordre. Ce soulèvement mènera à la création du « Gay Liberation Front », un groupe antimilitarisme, antisexisme et antiracisme qui se battra pour faire valoir les droits des personnes LGBTQIA+ et s’attaquera aux inégalités sociales. L’année suivante, le GLF organisera une marche pour commémorer les évènements de Stonewall : une tradition était née.

Les « Gay Pride » deviendront progressivement les « Marche des Fiertés » par souci d’inclusivité. Le terme « gay » étant très souvent associé à l’homosexualité masculine, cette nouvelle appellation permet d’englober toutes les personnes de sexualités et d’identités de genre diverses et variées. Bien que se déroulant toujours dans une ambiance festive, les Marches des Fiertés restent, encore de nos jours, éminemment politiques. La Suisse n’a toujours pas légalisé le mariage pour tous. En 2018, SOS-Homophobie recensait 1905 témoignages d’agressions homophobes, transphobes ou lesbophobes en France. Les hommes ou les femmes ayant des relations avec le même sexe encourent toujours la prison au Guyana ou en Malaisie, par exemple, et la peine de mort au Brunei, en Iran, au Yémen et la liste ne s’arrête pas là. De nombreux pays d’Afrique, du monde arabe ou d’Europe de l’Est pénalisent encore durement l’homosexualité ou dénie parfois même l’existence de la communauté LGBTQIA+. La Russie n’a jamais connu de Pride car, sous le prétexte d’une loi interdisant la « propagande homosexuelle » auprès des mineur-e-x-s, toutes les velléités de rassemblements se voient rapidement étouffées dans le pays. Et ce n’est ici qu’une petite poignée d’exemples. Voilà pourquoi, tous les ans, toujours plus d’individus se réunissent aux quatre coins de la planète pour prouver au monde qu’ils existent et pour défendre leur liberté d’être et d’aimer qui bon leur semble.

Nous pouvons être fier-e-x-s du chemin parcouru, sans oublier cependant que le combat est encore loin d’être gagné. Dû au franc succès qu’elles ont rencontré l’année passée, les Marches des Fiertés d’Annecy et de Genève reviennent toutes les deux en juillet 2020. Nous vous donnons donc rendez-vous cet été pour brandir bien haut les couleurs de notre drapeau et célébrer une fois de plus l’acceptation et la tolérance !

Geneva Pride 2020 : du 27 juin au 5 juillet 2020

Marche des fiertés 2020 – Annecy : 11 juillet 2020

Gentlemen, start your engines, and may the best woman win!

Hello, hello, hello !

Amateurs et amatrices de talons aiguilles, de tenues flamboyantes, de drame surjoué et de lip-syncs à s’en décrocher la mâchoire, vous n’aurez certainement pas manqué le début de la douzième saison de RuPaul’s Drag Race, diffusée depuis le 28 février dernier. Devenue un phénomène planétaire en quelques années, cette téléréalité connaît un succès grandissant auprès de la communauté LGBT+ comme auprès du grand public.

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas RuPaul (Incroyable mais vrai, c’est possible), il s’agit non seulement d’une drag-queen étasunienne, mais aussi d’un acteur, chanteur et producteur ayant acquis le statut d’une célébrité à la renommée internationale. Depuis 2009, il anime et produit RuPaul’s Drag Race : une compétition dans laquelle s’affronte une dizaine de drag-queens pour obtenir le titre de « America’s Next Drag Superstar », en plus d’une récompense de plusieurs milliers de dollars. Chaque épisode s’articule autour d’un défi bien précis de danse, de chant, de couture ou encore de comédie, et se termine par l’élimination déchirante de l’une des participantes.

“Drag is art, and art is subjective” – The Boulet Brothers

Traditionnellement, le drag consiste, pour un homme ou pour une femme, à porter des vêtements habituellement associés au sexe opposé et à parodier les stéréotypes de genre. On désigne généralement les drag-queens sous le nom de « female impersonator », cependant, cette vision ne cesse d’évoluer, et de nos jours le drag est souvent considéré comme une forme d’expression artistique ouverte à tous, consistant à libérer sa créativité plutôt qu’à donner l’illusion d’appartenir à un autre sexe. Par ailleurs, faire du drag ne donne aucune indication sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de la personne, quelques hommes bisexuels et hétérosexuels ont même pris part à ce genre d’émissions télévisées.

“We’re all born naked and the rest is drag.” – RuPaul

Que l’on adhère ou non à cette série, on ne peut pas nier son impact révolutionnaire. Son plus grand succès est certainement d’avoir réussi à rendre « mainstream » une grande partie de la culture « queer ». Sa popularité contribue à normaliser de nombreuses problématiques auparavant taboues, à donner une visibilité énorme à la communauté LGBT+ et à offrir une plateforme immense à des centaines d’artistes queers. Au cours des épisodes, nous avons régulièrement l’occasion d’écouter les compétitrices parler de leurs vécus personnels et des difficultés que connaissent encore les personnes LGBT+ dans le monde, devenant ainsi une source d’inspiration pour les plus jeunes téléspectateur-rice-x-s. Reflet d’une société de plus en plus ouverte ou architecte d’un monde plus tolérant, RuPaul’s Drag Race s’est même vu récompensée de cinq Emmy Awards en 2018, dont celui de meilleure émission de téléréalité et de meilleur présentateur d’émission de téléréalité pour RuPaul.

La série, en plus de s’être exportée au Royaume-Uni en 2019, a ouvert la voie à de nombreuses autres émissions comme « Drag Race Thailand », « La Más Draga » au Mexique, ou encore Dragula. Cette dernière émission ne sera sûrement pas au goût de tout le monde, car les participant-e-x-s, qui s’affrontent pour le titre de « Next Drag Super Monster » relèvent des défis parfois plus violent et plus dérangeant pouvant heurter les plus sensibles. Mais il est important de noter que l’année dernière, le casting se composait non seulement de drag-queens, mais aussi de drag-kings et d’artistes non-binaires.

Après toutes ces louanges vient le moment de nuancer un peu. En effet, RuPaul a été maintes fois sous le feu des critiques pour ses propos transphobes, on lui a également reproché d’exclure volontairement les personnes transgenres de son émission, pourtant pionnières dans l’art du drag. Suite à une polémique en 2018, une drag-queen ayant entamé sa transition avait été invitée à revenir pour la quatrième édition de « RuPaul’s Drag Race : All stars », mais malgré cela, une majorité d’hommes cisgenres reste toujours représentée dans les dernières saisons. Rappelons aussi qu’il s’agit d’une téléréalité, où tout est mis en scène, parfois truqué, et qui ne donne à voir qu’une petite partie de ce qu’est le drag ou de ce qui constitue la culture LGBT+. Drag Race n’est donc pas un incontournable ni l’unique référence en matière de drag, et la « Gay Card » ne s’obtient pas non plus en regardant la série. Celle-ci peut d’ailleurs donner beaucoup d’attentes irréalistes aux plus jeunes membres de la communauté ou même aux personnes découvrant cet univers. Au-delà d’une apparence fabuleuse, une drag-queen sait avant tout animer une soirée comme personne, sans forcément avoir besoin de 15 changements de tenues ni d’acrobaties à en donner le tournis, bref, rien ne vaut une véritable performance en direct, dans un bar ou en boîte de nuit !

Pour terminer, nous saluons au passage la toute première drag-queen française à faire partie de l’aventure : Nicky Doll ! Croisons les doigts pour qu’elle aille loin et fasse honneur au drapeau bleu blanc rouge.

Bon visionnage à tou-te-x-s les fans de la première heure, et pour les autres, nous espérons que cet article vous aura convaincu de vous plonger dans ce fantastique divertissement sans plus attendre !

And don’t forget, if you can’t love yourself, how in the hell are you going to love somebody else! Can I get an amen up in here?

Annecy queer

Cette semaine, QueerGaies News se lance un défi : faire un bref historique des établissements LGBT+ qu’Annecy a pu connaître dans ses années les plus folles ! En effet c’est au début des années 90 que tout commence, période à laquelle l’homosexualité cesse d’être considérée comme une maladie mentale par l’OMS. Différents établissements voient alors le jour, comme le « Happy People », une grande discothèque à Chaumontet, ou encore le « Comedy Cafe », situé dans le Passage du Sorbier près de la poste du centre-ville. Ce cabaret était réputé pour ses soirées dansantes et transformistes où l’on pouvait assister à de nombreux spectacles. Enfin, d’autres établissements s’ajoutent également à ce beau catalogue : Le « Petit Troquet » rue royale, « l’Optimum » rue Filaterie, le « Danelly » rue Carnot.

Petite histoire du milieu récréatif LGBT+ à Annecy…

Début des années 90 :

- Tout juste après que l’homosexualité est rayée de la liste des maladies mentales, le « Happy People », une grande discothèque, voit le jour à Chaumontet, près du Grand Epagny. Cette boîte de nuit marche à merveille, les gens viennent de Genève et de Lyon pour s’y rendre, et donne à Annecy la réputation d’être la ville où personnes homosexuelles et hétérosexuelles cohabitent le mieux.
- Ouverture du « Comedy Café » dans le Passage du Sorbier près de la poste du centre-ville. Cabaret dansant, transformistes et spectacles sont au rendez-vous.
- Les deux gérants des établissements précités se « marient » fictivement pour sceller leur union et défilent en robes de mariées dans les rues d’Annecy !
- D’autres établissements jalonnent les rues d’Annecy dans les années 90, le « Petit Troquet » rue Royale, « l’Optimum » rue Filaterie et « le Danellys » dans la rue Carnot.

Milieu des années 90 :

- Le « Happy People » passe un accord avec la discothèque « Le Barock », située rue Carnot, pour échanger leurs murs et s’installe au centre ville en rachetant du même coup le bar à côté de la boite que l’on appelle désormais « At The Villa » !
- Le gérant du « Comedy Cafe » ouvre un « after » gay appelé à l’époque le "Studio 9" !
- Une discothèque LGBT+ voit le jour dans la rue Vaugelas, elle s’appelle « Le Point G ».
- En 1998, Une ex-pizzaïolo ouvre un bar-restaurant lesbien dans la rue Jean-Jacques Rousseau, appelé « Le Bouche à Oreille ».
- Le « Studio 9 » situé avenue de Chambéry est rebaptisé « Le Stud’ ».

Le milieu LGBT+ bat son plein !

Début des années 2000 :

- Un ancien garagiste ouvre le « Savana Café », un bar gay sur deux étages dans le Passage Gruffaz, et embauche la « Maman » d’Annecy comme serveur.

Une succession de fermetures :

Face à la pression des habitants, qui se plaignent de nuisances nocturnes, à la diminution du pouvoir d’achat, ou pour d'autres raisons, de nombreux établissements sont forcés de mettre la clé sous la porte. Coup dur sur coup dur, après la fermeture du « petit Troquet » et de la discothèque « Le Point G », c’est au tour du « Stud’ » de disparaître définitivement pour des questions de drogue.
- Vente du Savana Café. « Maman » retourne au « Comedy Cafe » et le patron du « Savana » devient serveur à « l’Atelier des Sons » dans les pentes du château d’Annecy. Pour la petite histoire, ce bar, qui est à l’origine hétérosexuel, sera fréquenté principalement par des personnes gays ou lesbiennes !

Été 2003 : Première Pride à Annecy ! Tous les établissements de la ville et des alentours organisent une « Roller pride » sur la piste cyclable au départ du « Happy People » à destination du restaurant "Chez ma cousine" à Doussard.

Juillet 2006 : Création du Forum en ligne Lesbiannecy !

Mars 2007 : Fermeture définitive du « Com’ Café » et ouverture de « L’Equinox » rue Vaugelas par l’ancien gérant du « Com’ ».

Avril 2007 : Fermeture de « l’Equinox », et de « L’atelier des Sons » et reprise de « l’Equinox » par « Maman » qui baptisera celui-ci « Le Verre-Luisant ».

Septembre 2008 : Fermeture du « Bouche à Oreille » !

Août 2010 : Fermeture du « Happy People » et du bar « At the Villa ».

Eté 2010 : Ouverture du bar « le Vitis » rue du Pâquier, lesbiennes friendly et du nouveau restaurant de Pénélope (Chez Pen), ancien employé au « Happy People ».

Hiver 2010 : Création des soirées OnlyGirls sur Annecy via le forum Lesbiannecy, soirées régulières 100% filles dans différents lieux d’Annecy.

Eté 2011 : Ouverture du bar gay « La Vie en Rose » à côté de l’ancien « Comedy Café ».

2012 : Fermeture du « Vitis bar » et de La Vie en Rose.

2013 : Changement de gérance pour le « Verre-Luisant », rebaptisé le « NEXT DOOR ». Julie de l'ancien staff du « Happy » reprend le bar de nuit.

2015 : Le « NEXT DOOR » ferme ses portes en mai 2015.

2016 : Dissolution de l’association OnlyGirls. Sa fondatrice reprend la gérance du bar-restaurant « l’Envol » la même année à Metz-Tessy. Elle organisera des apéros mensuels LGBT+ intitulés les apéros de la Licorne jusqu’à son départ de la gérance en 2018.

2016/2017 : Organisation du festival du film des minorités de genre et sexuelles, TRANSPOSITION, qui durant deux ans programmera sur 15 jours annuels la diffusion de films LGBT+ dans différents cinémas d’auteurs annéciens. Plusieurs conférences, soirées et spectacles sur cette thématique auront également lieu.

Durant cette même période plusieurs établissements organiseront des événements LGBT+ (le « Fitzgerald club », qui prend la place du « NEXTDOOR », le 24 du Faubourg, qui prend celle du « River’s »)

Du renouveau !

Janvier 2019 : Création du groupe Facebook LGBT Annecy et Alentours par Mélanie qui organise des petits évènements tels que des pique-niques, des apéros et des accro branches.

Juillet 2019 : Organisation de la première marche des fiertés en plein centre-ville par l’association ANNECY PRIDE.

Décembre 2019 : La fondatrice du groupe Facebook Annecy LGBT Alentours lance en freelance l’enseigne QUEER GAIES pour organiser de plus gros évènements LGBT+ à Annecy.

Petit guide de survie du Coming Out !

Aujourd'hui, parlons du coming out. Mais avant tout, qu'est-ce que c'est ?
Le coming out, raccourci de l'expression "coming out of the closet" = sortir du placard, est l'action de dévoiler son homosexualité, sa bisexualité et / ou son changement de sexe.
Il y a un peu une vie avant coming out, et une vie après coming out. Autrement dit, c'est le moment où tout le poids de cette grosse pierre que tu te trimbalais sur l'estomac, qui pesait une tonne sur ta conscience, s'envole enfin de ses propres ailes tel un petit papillon aux couleurs de l'arc en ciel !
Adieu culpabilité, adieu mensonges, je me dévoile et par là, je m'accepte enfin tel.le que je suis vraiment, aux yeux des autres, mais surtout vis à vis de moi-même...
Ça y est tu as clamé haut et fort qui tu es et qui tu aimes !
Facile à dire, mais pas facile à faire...
Oh que oui, ce fameux coming out n'est pas une mince affaire, il va dépendre des personnes qui sont en face de toi, mais aussi de la manière dont tu décides de l'exprimer !

Juste pour toi, on a regroupé ici quelques petits conseils pratiques pour t'aider :

Énoncer son orientation en l'assumant ! Si tu amènes tes propos sans en faire un problème, alors ça va déjà bien dédramatiser le bordel !

Entoure-toi de personnes que tu sais ouvertes, pour leur en parler avant, commence par les plus faciles, ça te fera de l'entraînement et ça te mettra en confiance ! (Par exemple, évite de commencer par tes grands parents, eux, c'est généralement le Boss final de l'aventure du coming out, car il faudra faire face à des préjugés et des mœurs d'une autre époque, ancrés bien profondément !)

Pas besoin d'attendre le moment parfait pour faire ton annonce, car ca n'arrive jamais ! Monsieur le Coming Out n'a pas d'âge, et son activité favorite est de procrastiner .. Le bon moment, c'est quand tu le sens !

Rapproche-toi de personnes qui ont déjà fait le leur, tu verras que parfois, ça peut aussi bien se passer et qu'on est toujours vivant après !

Renseigne-toi, il y a beaucoup de supers assos qui peuvent t'aider, répondre à tes questions, t'accompagner, te faire rencontrer des personnes safe, et même, accompagner tes proches qui seraient un peu perdu.e.s par cette annonce !

Laisse-leur un peu de temps, les réactions à chaud ne sont pas forcément les plus représentatives, c'est toujours un peu bizarre au début, juste après la grande déclaration, mais ne t'inquiète pas, le temps aide bien à l'affaire !

Parfois tu as même de belles surprises ! Tu te dis : " - Oh mon dieu, ma tante Josie n'acceptera jamais je suis sûre, je la connais !" Et en fait, c'est elle qui te demandera de venir aux gayprides avec toi !
Après, il y a ceux qui ne veulent pas entendre ni comprendre... L'homophobie résiste encore et toujours, malgré l'évolution des mœurs !
Dis-toi dans ce cas que le problème, surtout, ce n'est pas toi... Ils ne sont pas encore prêts à ouvrir leurs petits cœurs, fermés à double tour par des bourrages de crâne et des préjugés...
Le coming out est un magnifique combat, car c'est un combat au nom de l’amour... Alors soit en fièr.e !
Et de plus, ce n'est jamais vraiment fini ! Des petits coming out, tu vas devoir en faire tout au long de ta vie ! L'annoncer à de nouvelles fréquentations, à tes nouveaux collègues, en soirée...
Les premières fois c'est toujours une épreuve, mais on "s'habitue" avec le temps !
Et bien sûr, ce n'est pas une obligation, si tu ne le sens pas, tu peux aussi garder ton jardin secret, à partir du moment où tu te sens bien avec !
Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, tu vas devenir extrêmement badass après quelques années de pratique !

Saches que tu ne seras jamais seul.e, on te met en dessous 2 assos présentes dans toute la France, vraiment top pour des petits et gros coups de pouce !

L'association "Contact", groupes de paroles, écoute, conseils : Voir notre article
L'association "Le refuge" pour accompagner et héberger davantage de jeunes rejeté.e.s par leurs proches car homosexuel.le.s ou transgenres :
Site internet : le-refuge.org
Urgence 24h/24 : 06 31 59 69 50

L'association Aides

Photo de l'association aides

Aides intervient sur l’ensemble du territoire français auprès des personnes séropositives et aux personnes les plus vulnérables au VIH et aux hépatites : les hommes qui ayant des relations sexuelles avec des hommes, les femmes, les personnes trans, les travailleurs-es du sexe, les personnes migrantes, les usagers-es de drogues, les personnes vivants avec le VIH, les détenus. Nos actions se déroulent hors les murs et dans nos locaux.

Créée en 1984, Aides est la première association de lutte contre le sida et les hépatites en France et en Europe. Elle est reconnue d’utilité publique et labellisée « don en confiance » par le Comité de la Charte.

Aides agit depuis 30 ans avec et auprès des populations les plus vulnérable au VIH/SIDA et aux hépatites pour réduire les nouvelles contaminations et accompagner les personnes touchées vers le soin et la défense de leurs droits. Plus globalement, l’association joue un rôle majeur dans l’amélioration de la prise en compte des malades dans le système de santé en France, l’évolution des droits des personnes et la lutte contre les discriminations.

Ses principes : respect, indépendance, confidentialité et non jugement.

Plus d'informations sur le site de l'association : aides.org

L'association Contact

Photo de l'association contact

Aujourd’hui, Queer Gaies News aimerait mettre en avant l’association Contact.

Cette belle association a pour objectif de réunir les personnes LGBT et de promouvoir le dialogue entre les parents, les personnes LGBTQ+, leurs ami.e.s et leurs familles. Des groupes d’écoutes et de paroles sont organisés le troisième samedi des mois impairs à la salle Commandant Nizier de la Maison Aussédat au 7 rue de la providence à Annecy.

Contact dispose également d'une ligne d’écoute et d'une belle antenne annécienne présidée par Valérie Dejoux.

Vous pouvez les contacter au 07 83 47 65 63. Une ligne d’écoute anonyme et gratuite est aussi disponible au 08 05 69 64 64.

Plus d'informations sur le site de l'association : asso-contact.org

Ton album arc-en-ciel

Illustration de l'album arc-en-ciel

Mixte, non genré, Ton album arc-en-ciel est un livre de naissance illustré conçu par les LGBTQI+ pour les LGBTQI+. Ayant constaté l’absence en France, en librairie ou sur internet, de livre de naissance pour famille homoparentale, nous avons décidé de combler cette lacune, source d'inégalité et de discrimination, en créant nous-mêmes le livre dont tant de couples ont besoin !

Ton album arc-en-ciel est un livre ouvert : pas besoin de rayer les mentions inutiles, l'album s'adapte aux multiples configurations possibles des familles. Chacun peut y inscrire les particularités de sa parentalité (couples lesbiens, couples gays, co-parentalité) et y raconter son histoire. Nous avons accordé une place importante à la libre expression et certains chapitres abordent des aspects spécifiques à l'homoparentalité (PMA, famille choisie, arbre généalogique ouvert – à plusieurs branches, non restreint à la famille biologique) ou peu présents dans les albums hétéro-normés (la rencontre, la construction du projet parental). Nous tenions également à sortir des stéréotypes de genre : l'album est mixte, les personnages sont non sexués, les couleurs non genrées et l'écriture inclusive. Enfin, dernière spécificité mais non des moindres, cet album a été réalisé en concertation avec les familles homoparentales elles-mêmes, pour qu’il réponde au mieux à leurs besoins.

Aujourd’hui, Ton album arc-en-ciel est en vente sur le site tonalbumarcenciel.fr ainsi que chez quelques partenaires libraires. Vous pouvez nous suivre sur Facebook, Twitter et Instagram.

Le bon plan du QG : -10% sur votre commande en passant par contact@tonalbumarcenciel.fr avec le code QUEERGAIES

Un amour perdu

Je me souviens de t’avoir rencontrée
du jour, où nos chemins se sont croisé.

...

Je me souviens du jour où j’ai compris
que tu avais une place dans ma vie.

...

Je me souviens de notre première nuit
où dans tes bras je me suis endormie.

...

Je me souviens d’avoir longtemps rêvé
Qu’un jour, mon amour serait partagé.

...

Je me souviens que c’est avec tes mots,
que je me suis effondrée en sanglots.

...

Et je me souviendrai pendant longtemps
de tes yeux bleus qui me fascinèrent tant.

« L Word », le retour !

Photo des acteurs de la série L Word

Aujourd’hui, Queer Gaies News vous parle d’une série culte pour notre communauté : « The L Word ». Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que cette série, qui retrace la vie de différentes femmes lesbiennes, a eu un réel impact sur notre communauté et sur la façon dont cette dernière est perçue. « L Word » voit le jour en janvier 2004 grâce à la réalisatrice Ilene Chaiken. De son idée naissent Shane, Alice, Bette, Tina, Jenny, Helena, Carmen, des personnages fictifs qui deviendront des icônes de notre génération. Malheureusement, la série prend subitement fin en mars 2009. Le mystère entourant la mort de l’une des héroïnes restera donc entier jusqu’en automne 2019, lorsque « The L Word : Generation Q » fait son grand retour. La série revient avec de nouveaux visages (en gardant tout de même quelques personnages emblématiques tels que Shane, Bette, Alice), une nouvelle intrigue, de nouvelles romances, du drame : le mélange parfait pour passer de bons samedis soirs au chaud entre ami.e.s !

Bon plan Queer Gaies : 1 mois gratuit avec Canal + pour regarder votre série préférée.

Autopsie du Drama-Gouine post-rupture.

Tout le monde le sait, la plupart des ruptures lesbiennes se déroulent dans les insultes, les cris, les larmes, le summum du Drame avec un grand D. "La vie n'est qu'un théâtre et chacun y joue son rôle" comme le disait si bien Shakespeare.
Hier, votre petite amie vous a largué. Elle vous a expliqué que ça ne vient pas de vous, qu’elle n’est pas prête, que vous n’attendez pas les mêmes choses, que vous ne regardez pas dans la même direction…et blablabla…
Seulement il y a comme un hic, vous ne l’entendez pas de cette oreille ! Et la suite de l’histoire est plutôt cousue de fil blanc.

D’abord, il y aura le premier soir où vous serez suffisamment pompette pour avoir la bonne idée de l’appeler, de l’insulter en pleurant en lui vociférant des noms d’oiseau, le tout avec la goutte au nez.
Le lendemain, vous vous taperez la tête contre un mur en vous répétant que vous êtes une conne. La nuit portant conseil, dès votre réveil, vous finirez par vous excuser dans un long et larmoyant SMS.

Vous essayerez également d’évoquer de bons souvenirs, et pour cela, vous dormirez avec son pull qu’elle aura laissé chez vous. Vous lui enverrez une photo de vous en train de dormir avec celui-ci ou vous inonderez son portable de vos anciens selfies de vacances passée ensemble, « Regarde comme nous sommes belles, quel gâchis».
Dans quelques temps, vous regretterez tous cela…

A ce stade rien ne va plus, vous lui envoyez des sms, beaucoup (trop) de sms, mais heureusement vous avez Free, vous avez tout compris. Dans tous les styles, toutes les humeurs et sur tous les sujets :
- « J’ai bien réfléchi, tu avais raison, nous deux c’est mieux ainsi, nous sommes trop différentes»,
- « On ne peut pas finir ainsi, on a créé notre univers, on est faite pour avancer côte à côte. »,
- « T’es vraiment qu’une conne, me courir après, coucher avec moi et me plaquer comme une merde après toutes tes belles paroles… Tu ne me mérites vraiment pas… crève pourriture de communiste* » (*on a les références qu’on peut)
Dans le Drama-Gouine, il y a aussi la filature pour les plus « atteintes », vous l’attendrez sagement dans les bars à Goudou que vous fréquentiez et vous feindrez de vous retrouver là par hasard ! Vous rirez trop fort, vous aurez l’air trop euphorique, et vous passerez pour une désespérée devant ses copines, voire même devant sa nouvelle target. Nouvelle target que vous snoberez tant bien que mal, lui trouvant tous les défauts du monde, en la comparant aisément à un Picasso. Pire encore, vous ferez des détours de 50km pour passer devant chez elle, pour vérifier qu’elle est rentrée (seule), que la lumière est allumée, pour apercevoir une ombre, avoir l’illusion d’être près d’elle…

Si vous êtes dans la catégorie « particulièrement tordue », vous vous découvrirez une passion soudaine pour le christianisme, la magie noire, la sorcellerie vaudou, la voyance pour invoquer les dieux de sapho (ou de sa faute !) ou les saintes patronnes de la réconciliation lesbienne. Vous tricherez en tirant les tarots afin de mettre les esprits de votre côté… Ensuite, vous la supprimerez de Facebook, Twitter, Instagram....de votre vie virtuelle, pour mieux la sortir de votre réalité. Puis vous l’ajouterez à nouveau, pour finir par la re-bloquer en ne manquant pas d’espionner ses profils grâce au compte de vos copines en commun.

Si vous êtes fortement Drama, vous irez jusqu’à envoyer des SMS cochons, avec des photos de vous en train de vous asperger de champagne avec un commentaire digne d’un roman classé X, auquel (bien sûr) elle ne répondra pas… Donc, vous finirez par l’insulter (toujours par SMS) pour clore une conversation (ou plutôt un monologue) à laquelle elle ne répondra pas non plus. Mais un jour, ou une nuit, vous cesserez de pleurer trop, de crier trop, de manger trop, de fumer trop. Un beau jour ou peut-être une nuit, vous n’aurez plus mal et vous vous sentirez suffisamment bien avec vous-même pour y croire à nouveau.
Vous avez certainement déjà pensé que vous ne pardonnerez jamais, et vous avez pardonné. Le temps fait son œuvre, le chagrin passe et l’énergie recommence à couler dans vos veines. Vous êtes ouverte à de nouvelles rencontres.