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La loi “bioéthique”, Pour quoi ? Pour qui ? Pour quand ?

Illustration de l'article 'La loi “bioéthique”, Pour quoi ? Pour qui ? Pour quand ?'

Historiquement, ce projet de loi vient dans la continuité de la Loi (n° 2013-404) du 17 mai 2013 ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe.

Depuis cet été, l’accès à la PMA pour toutes fait l’objet d’un débat animé dans le cadre de la révision de la loi bioéthique du 7 juillet 2011. Cette loi vient donner les limites morales appliquées à l'expérimentation et aux pratiques scientifiques. Le projet de loi bioéthique permettrait notamment l’accès à la procréation médicalement assistée aux couples lesbiens, avancée majeure dans les droits des homosexuels en France.

Petit rappel historique de l’homosexualité face à la loi.

Il apparaît tout d’abord essentiel de rappeler que l’homosexualité a été dépénalisée par l’adoption du premier Code pénal en 1791. Avant 1791, on parlait de “crime de sodomie” : ce qui était pénalisé, c’était l’ensemble des actes sexuels sans visée procréative. Autrement dit, toute personne s’adonnant à des relations sexuelles avec une personne du même sexe (entre autres) pouvait se voir punie comme le sont aujourd’hui les meurtriers, les violeurs etc. sans parler des condamnations de l’époque…Rappelons que l’abolition de la peine de mort n’est arrivée qu’en 1981 (Merci Robert Badinter).

Le régime de Vichy est venu repénaliser l’homosexualité dès lors qu’un mineur de moins de 21 ans était impliqué (18 ans depuis 1974). Ce n’est qu’en 1982 que la discrimination d’âge de « majorité sexuelle » dans les relations entre personnes de sexe opposé (15 ans) et de même sexe a été supprimée.

Une autre date à laquelle il est important de prêter attention est le 17 mai 1990. Il n’y a que 30 ans que l’homosexualité a été retirée de la liste des maladies mentales de l'Organisation mondiale de la santé.

En 1999, une loi est adoptée mettant en place le Pacte civil de solidarité (PACS), ouvert aux couples hétérosexuels et homosexuels. Cette loi a connu une très forte contestation de la droite, preuve en est, seule Roselyne Bachelot, députée du Rassemblement Pour la République (ancêtre de l’UMP, s’appelant maintenant les Républicains), a voté pour.

Ce droit a par la suite ouvert un débat relatif à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, et ce notamment pendant la campagne présidentielle de 2007. Dans la continuité, ce débat n’a eu de cesse de dynamiser la campagne présidentielle de 2012. Promise par François Hollande, aussi bien lors de la campagne présidentielle que législative, la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe est adoptée définitivement par l’Assemblée nationale le 23 avril 2013. Le 17 mai 2013, la loi est promulguée par le président de la République.

En conclusion, cette reconnaissance de l’amour véritable entre deux personnes du même sexe a mis des siècles à être légalisée. Sans parler du fait que, dans l’opinion publique, cette reconnaissance n’est pas réellement majoritaire, comme le prouve la Manif pour tous, qui affiche clairement son opposition à la reconnaissance des droits (égalitaires) des couples homosexuels.

Tout ça pour expliquer que le message que tente de véhiculer la loi bioéthique n’est apparu que depuis peu et que, même si les mentalités changent avec le temps, le français “lambda” reste conservateur. Il sera donc difficile de faire accepter cette idée par le peuple et par conséquent par les autorités en charge de l’adoption de cette loi, autorités censées représenter l’opinion politique.

Bien que la loi pour le mariage pour tous ait été promulguée il y a maintenant plus de 7 ans, elle continue d’avoir son lot d’opposants, notamment dans son application par les élus locaux :

  • - Le maire de Bollène, commune du Vaucluse, a refusé en 2013 d’unir un couple homosexuel en invoquant ses convictions religieuses...(Heureusement que nous vivons dans un Etat “laïc” depuis 1905.) Elle a par ailleurs refusé de déléguer ce pouvoir à son adjoint. On assiste là à une entrave claire et nette à un droit pourtant acquis ! Bien que les deux femmes aient finalement pu être unies par l’adjoint au maire, une telle récalcitrance ne devrait pas émaner de nos élus publics, compte tenu de la laïcité de l’Etat.
  • - Dans la commune de Fontgombault, le conseil municipal avait en 2014 invoqué une « loi naturelle supérieure aux lois humaines » pour justifier le refus d’unir les couples homosexuels. Le maire ne s’est pas retenu de dire à la presse : « Hors de question de marier des pédés ! Je ne le ferai pas. » Cette loi est bien loin de faire l’unanimité.
  • - Le maire de Maubeuge se refusait lui aussi de célébrer personnellement les mariages de couples de même sexe.

De nombreux couples homosexuels ont également connu des difficultés majeures dans le processus d’adoption. Théoriquement depuis 2013, les couples homosexuels peuvent adopter des enfants, mais dans les faits c’est un peu plus compliqué.
Pour illustration, voici les propos tenus par le psychologue chargé de l’adoption en Seine-Maritime Pascale LEMARE lors d’une interview sur France Bleue le 18 juin 2018 : « Ils sont un peu atypiques par rapport à la norme. Si leur projet supporte des profils d’enfants atypiques, ils ne seront pas prioritaires, mais ils ne seront pas exclus de l’adoption. » Que de leçons à tirer de tels propos ! Premièrement, rappelons que par atypique il est entendu « enfant malade ou handicapé ». Concrètement, les seuls enfants proposés à l’adoption aux couples homosexuels sont les enfants dont les couples hétérosexuels ne veulent pas du fait de leur “différence”.
Autrement dit, dans la procédure d’adoption, les couples homosexuels et hétérosexuels ne sont pas sur un pied d’égalité, la catégorie d’enfants dits “normaux” étant clairement réservée aux couples hétéros.
Bien que Madame LEMARE ait été suspendue suite à ces propos à la presse et qu’une enquête ait été ouverte, ce n’est pas un cas isolé puisque beaucoup de couples homosexuels se sont vu “découragés” dès le dépôt du dossier d’adoption… Et on ne peut que les croire lorsque l’on voit que Jean Marie Muller, président d’un conseil de famille en Meurthe-et-Moselle (assemblée qui décide du placement des enfants) s’est permis d’écrire dans son livre : “À chaque fois que nous en avons le choix, nous privilégions les couples formés d’un homme et d’une femme”. Difficile d’affirmer qu’il existe un droit réel à l’adoption...

C’est dans cet environnement juridique encore hostile à l’égalité des droits à la famille que la loi bioéthique est discutée.

Que dit le projet de loi concrètement ?

Ce projet de loi résulte d’une clause de révision contenue dans la loi du 7 juillet 2011 relative à la bioéthique. Autrement dit, dès son adoption, il était prévu que la loi devait être révisée tous les sept ans. Ce projet est l’aboutissement de cette clause de révision.

Le projet de loi bioéthique contient une mesure phare : la PMA pour toutes les femmes, une technique pour l’heure uniquement accessible aux couples hétérosexuels désirant avoir un enfant, et ce sur indication médicale. Ce projet aurait pour but d’élargir son accès aux couples de femmes et aux femmes seules. Ainsi, afin de répondre aux situations de double infertilité dans les couples, le recours à un double don de gamètes (ovocyte et sperme) au cours d'une même tentative de PMA serait permis.

Une autre mesure phare du projet de loi, et dans la continuité de l’ouverture à toutes de la PMA, sera la possibilité pour les deux mamans de reconnaître l’enfant né d’une PMA, même avant la naissance. Cette mesure permettra d’effacer les différences entre la femme qui a porté l’enfant et sa compagne.

De manière générale, les droits de l’enfant né d’une PMA seraient renforcés et notamment par un droit d’accès à ses origines. Dès sa majorité, l’enfant pourrait avoir accès soit à des données non identifiables, à savoir l’âge, les caractéristiques physiques, etc., soit à l’identité même du donneur, à condition que ce dernier soit d’accord.

Même en dehors de tout motif médical, il serait possible de procéder à l'autoconservation des gamètes aussi bien pour les hommes que les femmes afin qu’ils puissent recourir à la PMA plus tard.

Au-delà de la PMA, le projet de loi a également pour objectif de faciliter la recherche scientifique, ces dispositions étant scientifiquement trop complexes pour être développées ici.

C’est dans ces termes que l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi le 31 juillet 2020.

Pour quand ? Adopter n’est pas promulguer.

Début août, nous avons vu dans les gros titres : “L’assemblée nationale a adopté le projet de loi ouvrant la PMA aux couples de personnes du même sexe.” Mais qu’est-ce que cela signifie ? Concrètement, on en est où ?

Afin de mieux comprendre, une petite explication de la procédure d’adoption des lois permettra d’y voir plus clair. Vous avez peut-être déjà entendu dans les journaux le terme “navette parlementaire”. En France l’adoption d’une loi passe par le processus que l’on appelle navette parlementaire, c’est-à-dire l’examen successif d’un projet de loi par l’Assemblée nationale et le Sénat, l'adoption définitive d'un texte résulte de son vote dans les mêmes termes par l'Assemblée Nationale et le Sénat par un mouvement de va-et-vient du texte en discussion.

L’Assemblée nationale, c’est cet hémicycle que les journalistes aiment à présenter (de manière plus ou moins réaliste) comme le lieu où nos députés font des discours, applaudissent, jouent à Candy Crush, ou dorment. Quant au Sénat, ses membres sont élus par des grands électeurs c’est à dire des élus départementaux et municipaux.

À l’heure actuelle, les députés et les sénateurs s’opposent sur de nombreux articles du texte et notamment sur les articles relatifs à l’ouverture de la PMA pour toutes.

Le premier examen du projet de loi date du 15 octobre 2019 par l’Assemblée nationale, laquelle a largement modifié le projet de loi dans son état primitif. Elle a notamment amélioré la prise en charge des enfants présentant une variation du développement génital, et elle a en autre réaffirmé l'interdiction de la gestation pour autrui (GPA).

Le 4 février 2020, le Sénat adopte à son tour le projet mais en apportant également son lot de modifications, notamment sur les dispositions sur la recherche scientifiques.

Le 31 juillet 2020, l'Assemblée nationale adopte en deuxième lecture le projet de loi. Elle a rétabli dans ses grandes lignes le projet de loi, tel qu'elle l'avait voté en octobre 2019, avec plusieurs modifications d'importance, ce qui marque les nombreux désaccords persistants entre l’Assemblée nationale et le Sénat. En effet, lors de cette lecture l’Assemblée nationale a dû se questionner sur l'acceptation ou non de pas moins de 2 000 amendements (c’est-à-dire de modifications du texte).

Autrement dit, à ce jour il n’existe aucun consensus sur le contenu de la loi, il faudra attendre au moins janvier 2021 avant que le projet de loi ne repasse devant le Sénat. Cette réforme a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de se voir promulguée par le Président de la République.

Les grands oubliés du projet de loi

→ La ROPA (réception des ovocytes de la partenaire)

À première vue, il s'agit d'une fécondation in vitro (FIV) tout ce qu'il y a de plus classique, avec stimulation ovarienne et ponction des ovocytes (prélèvements des ovules directement dans les ovaires), où la rencontre entre un spermatozoïde et le dit ovocyte se fait en laboratoire. L'embryon qui en résulte est ensuite transféré dans l'utérus. Dans le cadre d'une ROPA, c'est un peu différent : l'embryon implanté a été conçu à partir du sperme d'un donneur et des ovocytes de celle qui ne porte pas l'enfant. Il s’agit d’une manière, pour les couples lesbiens, de réellement partager la maternité.

En première lecture à l’automne 2019, l’ouverture de la ROPA avait déjà été refusée. Certains députés LREM, notamment Raphaël Gérard et Laurence Vanceunebrock-Mialon ont tenté de défendre à nouveau cette mesure en présentant à l’Assemblée cette technique pour le moins méconnue, ce qui pourrait expliquer cette réticence : « l’inconnu fait peur ». Malgré cette louable tentative, cette mesure a définitivement été abandonnée.

Pour s’opposer à une telle mesure, la ministre de la santé de l’époque, Agnès Buzyn, avait déclaré que « la procédure touchait un principe fondamental de la médecine, qui était celui de pratiquer seulement les actes médicaux nécessaires et justifiés médicalement. Or là, le don ROPA ne l’est pas. »

Par ailleurs, cette mesure contreviendrait au principe d’anonymat du donneur. Aujourd’hui un couple qui a recours à la PMA ne peut pas aller voir un donneur en disant : « Je voudrais que vous me donniez votre ovocyte et nous allons ensemble dans un centre de PMA. »
La ROPA permettrait aux femmes en couple avec une femme de choisir des donneurs de gamètes, Il s’agit d’un processus dérogatoire par rapport au droit commun qui continuera toutefois à s’imposer aux couples hétérosexuels et aux femmes seules.
Avec la ROPA désormais rejetée, les couples de femmes devront, en cas d'infertilité, avoir recours à un don d'ovocytes, dont on sait déjà que l'attente s'étend sur plusieurs années. Pourquoi obliger un couple de femmes à recourir à un don d'ovocytes, alors qu'éventuellement celle qui ne porte pas peut utiliser les siens ? Cette révision est « consensuelle et minimaliste » et ne s'éloigne pas du modèle hétéronormatif.

Par ailleurs, certains députés ont même affirmé : « Dès qu'on permet quelque chose de nouveau, il y a toujours l'ombre de la GPA qui plane. »

→ La GPA (gestation pour autrui)

En France, la GPA a été interdite par la loi du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain qui a introduit dans le code civil un nouvel article 16-7 selon lequel « toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle ». Dans le cadre des débats sur la révision de la loi bioéthique, cette interdiction est peu remise en cause. Seules les questions relatives à la reconnaissance dans le droit français des enfants nés à l'étranger par une GPA ont évolué ces dernières années.
La gestation pour autrui est le fait d'avoir recours à une mère porteuse : une femme qui porte un enfant pour un couple à qui l'enfant est remis à sa naissance.

Comme la GPA est interdite en France, en Allemagne ou en Italie, certains couples se tournent vers d'autres pays pour y avoir quand même accès. Cependant, les parents français peuvent ensuite rencontrer des difficultés juridiques pour que l'enfant soit reconnu comme étant le leur. En effet, la France est opposée à la transcription complète sur les registres de l’état civil français des actes de naissances remis par les Etats autorisant cette pratique ne peuvent être transposés dès lors que cet acte l’aboutissement, en fraude à la loi française, d’un processus d’ensemble comportant une convention de gestation pour le compte d’autrui.
La France justifie ce refus de reconnaissance de filiation en expliquant que cette non-transcription "ne prive pas les enfants de la filiation maternelle et paternelle que le droit étranger leur reconnaît, ni ne les empêche de vivre avec “leurs parents” en France.
En 2014, le Premier ministre Manuel Valls a affirmé que « le gouvernement exclut totalement d’autoriser la transcription automatique des actes étrangers, car cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA ».

Au-delà des problèmes juridiques qu’elle suscite, la gestation pour autrui pose avant tout des questions éthiques. Cette pratique est considérée comme une marchandisation du corps de la femme mais aussi de l’enfant, parfois à raison, de nombreuses agences proposant l’accompagnement dans le processus de GPA, dans les pays qui autorisent cette pratique.
Les États fondent son interdiction sur les principes d’indisponibilité du corps humain, de l’état de la personne et, plus généralement, de respect de la dignité humaine. Autrement dit, il n’est pas possible de commercialiser le corps humain.
L’indisponibilité du corps humain et le respect de la dignité humaine sont deux des plus grands principes du droit français, pour preuve le don du sang n’a été légalisé qu’en 1952 et le don d’organe en 1976, pourtant leur nécessité ne fait aucun doute aujourd’hui, de surcroît l’on parle bien de don et non de vente (du moins de manière légale). Il n’existe pas de droit à l’enfant. En aucun cas, un enfant ne peut être traité comme un bien dans le commerce. Aucune convention ne peut être conclue relativement au corps d’un enfant à naître ou déjà né. En ce sens, il est certain que le principe d’indisponibilité est une règle fondamentale du droit privé.

Au-delà du débat juridique, il existe un réel débat social sur la légalisation de la GPA. Selon un sondage IFOP réalisé en 2016 à la demande de l'association ADFH (Association des Familles Homoparentales), la majorité de la population française n'est pas opposée à la pratique de la gestation pour autrui.

Les résultats de l'enquête sont les suivants :

→ 57% des Français se montrent favorables à une légalisation encadrée de la GPA destinée à des couples d'hétérosexuels.
→ 44% sont favorables à la GPA pour les couples d'homosexuels.
→ 64% souhaitent que les enfants nés par GPA à l'étranger jouissent des mêmes droits que les autres enfants nés à l'étranger de parents français.
→ 66% des personnes interrogées ont déclaré avoir une bonne image d'une femme qui accepterait d'être mère porteuse.

La philosophe et universaliste Élisabeth Badinter croit qu'une pratique éthique de la GPA est possible avec un réel encadrement rigoureux et des conditions précises, notamment une absence de rémunération de la mère porteuse impliquant une motivation altruiste mais également par une gestion exclusive par des associations et une absence d’activités lucratives autour de la GPA.
La position culturaliste de Badinter définit avant tout la mère comme celle qui s'occupe de l'éducation et qui apporte le soutien affectif.

Pour l’heure, même la GPA éthique est rejetée du projet de loi bioéthique. Mais cette persévérance dans la prohibition de la GPA ne constituerait-t-elle pas une inégalité si la PMA venait effectivement à être ouverte à toutes en France ?
Alors que la PMA est sur le point d’être accessible aux couples de femmes, cette avancée offrira une nouvelle voie vers la parentalité aux couples lesbiens outre l’adoption permise depuis 2013, la révision de la loi bioéthique se bornant à restreindre à l’adoption les voies légales de l’accès à la parentalité pour les couples gays.
Cette ouverture de la PMA sans autoriser la GPA constitue une discrimination nette envers les couples d’hommes, d’autant plus lorsque l’on connaît les conditions d’adoption pour les couples homosexuels.

Désormais, il y a lieu d’attendre la prochaine lecture du projet de loi par le Sénat pour savoir s’il est possible d’arriver à un consensus sur les avancées qu'offrira la loi en matière de bioéthique. Mais pour l’heure, la ROPA et la GPA sont écartées de la discussion, peut-on espérer qu’elles reviennent dans le débat lors de la prochaine révision de la loi bioéthique ?

Illustration: @carolejaillot

Parlons peu, parlons Pride

L’année 2019 a décidément marqué un tournant pour la communauté LGBTQIA+ des régions annéciennes et genevoises. En juillet dernier, la Pride faisait enfin son grand retour en Suisse romande après 8 ans d’absence, et quelques jours plus tard c’était au tour de la Venise des Alpes d’accueillir sa toute première Marche des Fiertés ! C’est l’occasion parfaite pour nous de retracer brièvement l’histoire de ces marches, et de nous rappeler pourquoi nous défilons chaque année sous les couleurs du drapeau arc-en-ciel.

L’origine du mouvement remonte à la fin des années 60, lors de ce que l’on appelle les émeutes de Stonewall. À cette époque, les droits de tous ceux et toutes celles ne correspondant pas aux normes sexuelles et de genre étaient bafoués, les arrestations étaient monnaie courante et ces personnes subissaient constamment une très forte répression policière. Le 28 juin 1969, dans ce contexte de tensions, la police new-yorkaise fait une descente au « Stonewall Inn », un bar mafieux dans lequel se retrouvaient habituellement homosexuel-le-s et transgenres, drag-queens, travailleur-euse-s du sexe, etc. C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres et une violente manifestation qui se poursuivra dans la rue éclate alors. Les occupant-e-x-s du bar refusent de se laisser faire, refusent de continuer à être victimes d’autant d’injustices et repoussent les forces de l’ordre. Ce soulèvement mènera à la création du « Gay Liberation Front », un groupe antimilitarisme, antisexisme et antiracisme qui se battra pour faire valoir les droits des personnes LGBTQIA+ et s’attaquera aux inégalités sociales. L’année suivante, le GLF organisera une marche pour commémorer les évènements de Stonewall : une tradition était née.

Les « Gay Pride » deviendront progressivement les « Marche des Fiertés » par souci d’inclusivité. Le terme « gay » étant très souvent associé à l’homosexualité masculine, cette nouvelle appellation permet d’englober toutes les personnes de sexualités et d’identités de genre diverses et variées. Bien que se déroulant toujours dans une ambiance festive, les Marches des Fiertés restent, encore de nos jours, éminemment politiques. La Suisse n’a toujours pas légalisé le mariage pour tous. En 2018, SOS-Homophobie recensait 1905 témoignages d’agressions homophobes, transphobes ou lesbophobes en France. Les hommes ou les femmes ayant des relations avec le même sexe encourent toujours la prison au Guyana ou en Malaisie, par exemple, et la peine de mort au Brunei, en Iran, au Yémen et la liste ne s’arrête pas là. De nombreux pays d’Afrique, du monde arabe ou d’Europe de l’Est pénalisent encore durement l’homosexualité ou dénie parfois même l’existence de la communauté LGBTQIA+. La Russie n’a jamais connu de Pride car, sous le prétexte d’une loi interdisant la « propagande homosexuelle » auprès des mineur-e-x-s, toutes les velléités de rassemblements se voient rapidement étouffées dans le pays. Et ce n’est ici qu’une petite poignée d’exemples. Voilà pourquoi, tous les ans, toujours plus d’individus se réunissent aux quatre coins de la planète pour prouver au monde qu’ils existent et pour défendre leur liberté d’être et d’aimer qui bon leur semble.

Nous pouvons être fier-e-x-s du chemin parcouru, sans oublier cependant que le combat est encore loin d’être gagné. Dû au franc succès qu’elles ont rencontré l’année passée, les Marches des Fiertés d’Annecy et de Genève reviennent toutes les deux en juillet 2020. Nous vous donnons donc rendez-vous cet été pour brandir bien haut les couleurs de notre drapeau et célébrer une fois de plus l’acceptation et la tolérance !

Geneva Pride 2020 : du 27 juin au 5 juillet 2020

Marche des fiertés 2020 – Annecy : 11 juillet 2020

Annecy queer

Cette semaine, QueerGaies News se lance un défi : faire un bref historique des établissements LGBT+ qu’Annecy a pu connaître dans ses années les plus folles ! En effet c’est au début des années 90 que tout commence, période à laquelle l’homosexualité cesse d’être considérée comme une maladie mentale par l’OMS. Différents établissements voient alors le jour, comme le « Happy People », une grande discothèque à Chaumontet, ou encore le « Comedy Cafe », situé dans le Passage du Sorbier près de la poste du centre-ville. Ce cabaret était réputé pour ses soirées dansantes et transformistes où l’on pouvait assister à de nombreux spectacles. Enfin, d’autres établissements s’ajoutent également à ce beau catalogue : Le « Petit Troquet » rue royale, « l’Optimum » rue Filaterie, le « Danelly » rue Carnot.

Petite histoire du milieu récréatif LGBT+ à Annecy…

Début des années 90 :

- Tout juste après que l’homosexualité est rayée de la liste des maladies mentales, le « Happy People », une grande discothèque, voit le jour à Chaumontet, près du Grand Epagny. Cette boîte de nuit marche à merveille, les gens viennent de Genève et de Lyon pour s’y rendre, et donne à Annecy la réputation d’être la ville où personnes homosexuelles et hétérosexuelles cohabitent le mieux.
- Ouverture du « Comedy Café » dans le Passage du Sorbier près de la poste du centre-ville. Cabaret dansant, transformistes et spectacles sont au rendez-vous.
- Les deux gérants des établissements précités se « marient » fictivement pour sceller leur union et défilent en robes de mariées dans les rues d’Annecy !
- D’autres établissements jalonnent les rues d’Annecy dans les années 90, le « Petit Troquet » rue Royale, « l’Optimum » rue Filaterie et « le Danellys » dans la rue Carnot.

Milieu des années 90 :

- Le « Happy People » passe un accord avec la discothèque « Le Barock », située rue Carnot, pour échanger leurs murs et s’installe au centre ville en rachetant du même coup le bar à côté de la boite que l’on appelle désormais « At The Villa » !
- Le gérant du « Comedy Cafe » ouvre un « after » gay appelé à l’époque le "Studio 9" !
- Une discothèque LGBT+ voit le jour dans la rue Vaugelas, elle s’appelle « Le Point G ».
- En 1998, Une ex-pizzaïolo ouvre un bar-restaurant lesbien dans la rue Jean-Jacques Rousseau, appelé « Le Bouche à Oreille ».
- Le « Studio 9 » situé avenue de Chambéry est rebaptisé « Le Stud’ ».

Le milieu LGBT+ bat son plein !

Début des années 2000 :

- Un ancien garagiste ouvre le « Savana Café », un bar gay sur deux étages dans le Passage Gruffaz, et embauche la « Maman » d’Annecy comme serveur.

Une succession de fermetures :

Face à la pression des habitants, qui se plaignent de nuisances nocturnes, à la diminution du pouvoir d’achat, ou pour d'autres raisons, de nombreux établissements sont forcés de mettre la clé sous la porte. Coup dur sur coup dur, après la fermeture du « petit Troquet » et de la discothèque « Le Point G », c’est au tour du « Stud’ » de disparaître définitivement pour des questions de drogue.
- Vente du Savana Café. « Maman » retourne au « Comedy Cafe » et le patron du « Savana » devient serveur à « l’Atelier des Sons » dans les pentes du château d’Annecy. Pour la petite histoire, ce bar, qui est à l’origine hétérosexuel, sera fréquenté principalement par des personnes gays ou lesbiennes !

Été 2003 : Première Pride à Annecy ! Tous les établissements de la ville et des alentours organisent une « Roller pride » sur la piste cyclable au départ du « Happy People » à destination du restaurant "Chez ma cousine" à Doussard.

Juillet 2006 : Création du Forum en ligne Lesbiannecy !

Mars 2007 : Fermeture définitive du « Com’ Café » et ouverture de « L’Equinox » rue Vaugelas par l’ancien gérant du « Com’ ».

Avril 2007 : Fermeture de « l’Equinox », et de « L’atelier des Sons » et reprise de « l’Equinox » par « Maman » qui baptisera celui-ci « Le Verre-Luisant ».

Septembre 2008 : Fermeture du « Bouche à Oreille » !

Août 2010 : Fermeture du « Happy People » et du bar « At the Villa ».

Eté 2010 : Ouverture du bar « le Vitis » rue du Pâquier, lesbiennes friendly et du nouveau restaurant de Pénélope (Chez Pen), ancien employé au « Happy People ».

Hiver 2010 : Création des soirées OnlyGirls sur Annecy via le forum Lesbiannecy, soirées régulières 100% filles dans différents lieux d’Annecy.

Eté 2011 : Ouverture du bar gay « La Vie en Rose » à côté de l’ancien « Comedy Café ».

2012 : Fermeture du « Vitis bar » et de La Vie en Rose.

2013 : Changement de gérance pour le « Verre-Luisant », rebaptisé le « NEXT DOOR ». Julie de l'ancien staff du « Happy » reprend le bar de nuit.

2015 : Le « NEXT DOOR » ferme ses portes en mai 2015.

2016 : Dissolution de l’association OnlyGirls. Sa fondatrice reprend la gérance du bar-restaurant « l’Envol » la même année à Metz-Tessy. Elle organisera des apéros mensuels LGBT+ intitulés les apéros de la Licorne jusqu’à son départ de la gérance en 2018.

2016/2017 : Organisation du festival du film des minorités de genre et sexuelles, TRANSPOSITION, qui durant deux ans programmera sur 15 jours annuels la diffusion de films LGBT+ dans différents cinémas d’auteurs annéciens. Plusieurs conférences, soirées et spectacles sur cette thématique auront également lieu.

Durant cette même période plusieurs établissements organiseront des événements LGBT+ (le « Fitzgerald club », qui prend la place du « NEXTDOOR », le 24 du Faubourg, qui prend celle du « River’s »)

Du renouveau !

Janvier 2019 : Création du groupe Facebook LGBT Annecy et Alentours par Mélanie qui organise des petits évènements tels que des pique-niques, des apéros et des accro branches.

Juillet 2019 : Organisation de la première marche des fiertés en plein centre-ville par l’association ANNECY PRIDE.

Décembre 2019 : La fondatrice du groupe Facebook Annecy LGBT Alentours lance en freelance l’enseigne QUEER GAIES pour organiser de plus gros évènements LGBT+ à Annecy.

Petit guide de survie du Coming Out !

Aujourd'hui, parlons du coming out. Mais avant tout, qu'est-ce que c'est ?
Le coming out, raccourci de l'expression "coming out of the closet" = sortir du placard, est l'action de dévoiler son homosexualité, sa bisexualité et / ou son changement de sexe.
Il y a un peu une vie avant coming out, et une vie après coming out. Autrement dit, c'est le moment où tout le poids de cette grosse pierre que tu te trimbalais sur l'estomac, qui pesait une tonne sur ta conscience, s'envole enfin de ses propres ailes tel un petit papillon aux couleurs de l'arc en ciel !
Adieu culpabilité, adieu mensonges, je me dévoile et par là, je m'accepte enfin tel.le que je suis vraiment, aux yeux des autres, mais surtout vis à vis de moi-même...
Ça y est tu as clamé haut et fort qui tu es et qui tu aimes !
Facile à dire, mais pas facile à faire...
Oh que oui, ce fameux coming out n'est pas une mince affaire, il va dépendre des personnes qui sont en face de toi, mais aussi de la manière dont tu décides de l'exprimer !

Juste pour toi, on a regroupé ici quelques petits conseils pratiques pour t'aider :

Énoncer son orientation en l'assumant ! Si tu amènes tes propos sans en faire un problème, alors ça va déjà bien dédramatiser le bordel !

Entoure-toi de personnes que tu sais ouvertes, pour leur en parler avant, commence par les plus faciles, ça te fera de l'entraînement et ça te mettra en confiance ! (Par exemple, évite de commencer par tes grands parents, eux, c'est généralement le Boss final de l'aventure du coming out, car il faudra faire face à des préjugés et des mœurs d'une autre époque, ancrés bien profondément !)

Pas besoin d'attendre le moment parfait pour faire ton annonce, car ca n'arrive jamais ! Monsieur le Coming Out n'a pas d'âge, et son activité favorite est de procrastiner .. Le bon moment, c'est quand tu le sens !

Rapproche-toi de personnes qui ont déjà fait le leur, tu verras que parfois, ça peut aussi bien se passer et qu'on est toujours vivant après !

Renseigne-toi, il y a beaucoup de supers assos qui peuvent t'aider, répondre à tes questions, t'accompagner, te faire rencontrer des personnes safe, et même, accompagner tes proches qui seraient un peu perdu.e.s par cette annonce !

Laisse-leur un peu de temps, les réactions à chaud ne sont pas forcément les plus représentatives, c'est toujours un peu bizarre au début, juste après la grande déclaration, mais ne t'inquiète pas, le temps aide bien à l'affaire !

Parfois tu as même de belles surprises ! Tu te dis : " - Oh mon dieu, ma tante Josie n'acceptera jamais je suis sûre, je la connais !" Et en fait, c'est elle qui te demandera de venir aux gayprides avec toi !
Après, il y a ceux qui ne veulent pas entendre ni comprendre... L'homophobie résiste encore et toujours, malgré l'évolution des mœurs !
Dis-toi dans ce cas que le problème, surtout, ce n'est pas toi... Ils ne sont pas encore prêts à ouvrir leurs petits cœurs, fermés à double tour par des bourrages de crâne et des préjugés...
Le coming out est un magnifique combat, car c'est un combat au nom de l’amour... Alors soit en fièr.e !
Et de plus, ce n'est jamais vraiment fini ! Des petits coming out, tu vas devoir en faire tout au long de ta vie ! L'annoncer à de nouvelles fréquentations, à tes nouveaux collègues, en soirée...
Les premières fois c'est toujours une épreuve, mais on "s'habitue" avec le temps !
Et bien sûr, ce n'est pas une obligation, si tu ne le sens pas, tu peux aussi garder ton jardin secret, à partir du moment où tu te sens bien avec !
Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, tu vas devenir extrêmement badass après quelques années de pratique !

Saches que tu ne seras jamais seul.e, on te met en dessous 2 assos présentes dans toute la France, vraiment top pour des petits et gros coups de pouce !

L'association "Contact", groupes de paroles, écoute, conseils : Voir notre article
L'association "Le refuge" pour accompagner et héberger davantage de jeunes rejeté.e.s par leurs proches car homosexuel.le.s ou transgenres :
Site internet : le-refuge.org
Urgence 24h/24 : 06 31 59 69 50