Queer Gaies


A PROPOS CONTACT
NEWS DIVERTISSEMENT NOUVELLE - POEME PARTENAIRE ENTRE NOUS PORTRAIT - TEMOIGNAGE A PROPOS CONTACT

Divertissement

Du queercoding au queerbaiting, déchiffrage des représentations LGBT+ au cinéma

Ce mois-ci, QGNews s'attaque à deux concepts relativement méconnus au sein même de la communauté LGBT+ : le queerbaiting (ou « appât à queers* ») et le queercoding (que l’on pourrait traduire par « codage queer »). Ces notions ne vous disent peut-être rien, mais je peux vous assurer que vous y avez déjà été confronté-e-s.

Avez-vous déjà ressenti la frustration de ne jamais voir deux protagonistes du même sexe s’embrasser ou s’avouer leurs sentiments, dans un film ou une série ? Alors que tous les indices sont réunis pour indiquer une attirance réciproque ?! D’espérer en vain à chaque épisode que cette relation, manifestement romantique pour vous, se concrétise ? Si vous répondez oui à ces questions, vous êtes probablement face à un exemple typique de queerbaiting. Il existe un autre test très fiable pour le vérifier : s’il s’agissait d’un homme et d’une femme agissant de la même manière, serait-ce suffisant pour que l’on s’attende à une romance ?

À mesure que de plus en plus de personnes sortent du placard ou rejettent les normes de genre établies, la communauté LGBT+ réclame une plus grande visibilité dans les films et les séries grand public. De nombreux long-métrages ne nous incluent tout bonnement pas, mais lorsqu’un personnage queer apparaît enfin quelque part, cette représentation est bien souvent imparfaite, peu satisfaisante, parfois caricaturale. Dans certains cas on assiste même à une véritable instrumentalisation de la communauté. Pourtant, la présence d’homosexuel-le-s dans les productions cinématographiques ne date pas d’hier. Au contraire, leur histoire est inextricablement liée à celle du septième art. Taboue, mal vue ou condamnée, l’homosexualité a été dépeinte de manière subtile, la plupart du temps négativement, pendant de longues années et les conséquences s’observent encore de nos jours, dans le cinéma actuel comme dans la réalité.

Le queercoding consiste à créer un personnage « codé » LGBT+ : c’est-à-dire à lui attribuer des caractéristiques généralement associées à l’homosexualité, mais sans mentionner explicitement son orientation sexuelle. Au cours de l’histoire, les stéréotypes utilisés ont généralement été ceux qui bousculaient les normes de genre, comme une voix « efféminée » ou du maquillage pour un homme, ou alors une femme portant des habits « d’homme ». Des traits qui n’ont rien de négatif dans la réalité, mais qui ont pu être associés à des jugements moraux par le biais des films. Un dialogue en apparence anodin pouvait également donner une indication, tout comme le fait qu’un personnage soit seul ou ne porte aucun intérêt au sexe opposé. À l’aide de ce procédé il était possible de coller une étiquette « queer » sur un personnage amusant, marginal ou sur le méchant d’une histoire, et de cette manière transmettre implicitement le message selon lequel l’homosexualité est quelque chose de risible ou même de mauvais. On retrouvait alors souvent les mêmes types de personnages, affublés de caractéristiques récurrentes qui laissaient entendre aux spectateur-rice-s leur non-hétérosexualité.

Aux Etats-Unis, sous la pression de lobbies catholiques, les années 1930 ont vu naître les Codes Hays, qui ont exercé une énorme influence sur les productions d’Hollywood pendant plusieurs décennies. Ils bannissaient entre autres la nudité, les « pratiques déviantes », les scènes trop sexuelles ou érotiques, etc. Pour être en accord avec ces règles, un film ne devait pas non plus attirer la sympathie de l’audience pour une personne dont les moeurs étaient jugées répréhensibles à l’époque, sous peine d’être censuré. Les valeurs morales de la société dictaient des codes de conduite ancrés dans les mentalités (si tu accomplis de bonnes actions, il t’arrivera de bonnes choses); on retrouve alors dans une longue liste de films des personnages dont l’homosexualité est sous-entendue : la plupart du temps, ils connaissent une fin tragique, se rendent coupables de crimes (quand leur orientation sexuelle n’est pas le crime lui-même) ou tiennent le rôle de l’ennemi du héros. Si vous souhaitez approfondir le sujet, le film « The Celluloid Closet » (disponible sur Youtube) retrace l’histoire de ces Codes Hays, et fait un tour d’horizon des représentations LGBT+ dans le cinéma hollywoodien au XXème siècle. Malheureusement, ils ont marqué en profondeur les réalisations cinématographiques et l’usage néfaste du queercoding n’a pas disparu. Parmi les exemples les plus célèbres et les plus récents, on peut citer les vilains de Disney : Ursula, dont l’apparence est inspirée de la drag queen « Divine », Jafar, Scar, Hadès, qui sont tous les trois plutôt maniérés et parfois exubérants, John Ratcliffe, qui prend soin de son apparence et n’aime pas le travail manuel, etc. Au fil du temps, l’inconscient collectif a intégré certaines représentations mentales, et se détacher de l’Histoire et des schémas que l’on nous a présentés jusqu’à maintenant n’est pas chose aisée. Ainsi, même si le but des réalisateur-rice-s n’est pas de donner une sexualité au personnage, ce codage queer sous-jacent reste présent. D’autres clichés subsistent encore, dans le cinéma français notamment on retrouve l’archétype de l’homosexuel efféminé visant à faire rire dans « La Cage aux Folles » ou encore dans « Chouchou ». Lorsqu’un long-métrage à succès ne dissimule pas l’orientation sexuelle d’un personnage, on constate encore très souvent qu’il se termine de manière dramatique. « Le secret de Brokeback Mountain » ça vous dit quelque chose ?

Mais le « queercoding » présente aussi des aspects positifs : c’était le moyen idéal pour passer à travers la censure et inclure un personnage queer dans un film. Il était ainsi possible de laisser de subtils indices, que seules les personnes LGBT+ attentives comprendraient. C’était il n’y a pas si longtemps encore que les personnes queers étaient dans l’impossibilité totale d’assumer leur sexualité au grand jour. Il fallait alors trouver des stratagèmes pour identifier « ses semblables ». Des intonations de voix, une manière de s’habiller, ou même un vocabulaire précis, faisaient discrètement passer un message et permettaient aux membres de la communauté LGBT+ de se reconnaître. Ceux-ci ont alors développé l’habitude de lire entre les lignes, de guetter les plus légers signes, et de décoder le sous-texte d’une oeuvre littéraire ou cinématographique. Ces subterfuges ont fait intrinsèquement partie du cinéma pendant si longtemps que, volontairement ou non, certain-e-s réalisateur-rice-s continuent de les utiliser. Malgré les applications positives de cette pratique, nombreux sont ceux qui en dénoncent aujourd’hui les dérives et acceptent mal d’être continuellement relégués dans l’ombre.

Ce qui nous amène au queerbaiting. Il s’appuie fréquemment sur ces indications implicites d’une orientation sexuelle et permet, dans une certaine mesure, de manipuler le public LGBT+. Il consiste à suggérer un intérêt romantique entre deux personnages du même sexe, sans jamais montrer explicitement cette relation à l’écran ni la confirmer. Les exemples abondent : de « Supernatural » à « Teen Wolf », en passant par « Sherlock Holmes » et « Killing Eve », des dizaines de séries tiennent en haleine leurs spectateur-rice-s en leur faisant miroiter les couples gays ou lesbiens qu’ils et elles rêvent de voir se former.

Il arrive aussi que l’on mentionne l’existence d’un personnage queer lors de la promotion d’un film ou lors d’interviews, mais que son homosexualité ne soit jamais clairement indiquée dans le produit final. Ou alors que les indices de sa non-hétérosexualité soient tellement subtils qu’ils en deviennent impossibles à relever, à moins de savoir exactement quoi chercher. C’était le cas, entre autres, dans « Dragons 2 » (le viking Guelfor annonce qu’il ne s’est jamais marié pour « diverses raisons »), dans « La Belle et la Bête » (avec LeFou, l’ami de Gaston), ou encore « Thor : Ragnarok », (où une scène laissant deviner la bisexualité de la valkyrie n’a finalement pas été conservée dans le film). À l’inverse, alors que rien dans l’oeuvre ne le sous-entendait, certain-e-s auteur-e-s ou réalisateur-rice-s annoncent parfois rétrospectivement que l’un de leurs personnages était LGBT+ depuis le début. Le cas le plus tristement célèbre reste à ce jour J.K. Rowling, qui avait révélé l’homosexualité de Dumbledore bien après la fin des livres et la sortie des premiers films. Problème, la supposée relation entre Albus et Grindelwald continue d’être délibérément passée sous silence dans « Les Animaux Fantastiques ». Alors quel crédit accorder à cette information si les films les plus récents font comme si J.K Rowling n’avait rien dit ?

Qu’il s’agisse de pure hypocrisie ou de pressions de la part des productions et des maisons d’édition, ce procédé est désormais vivement critiqué par les fans, qui tolèrent de moins en moins cette solution de facilité. Même avec les meilleures intentions du monde, la simple parole des acteur-rice-s, écrivain-e-s, scénaristes, etc. ne suffit plus. Évidemment, derrière cette pratique se cache des enjeux commerciaux : l’objectif est d’attirer l’audience LGBT+ sans rebuter le public hétérosexuel, de promouvoir la diversité sans prendre réellement de risques. L’excuse invoquée est habituellement celle de la censure en application dans de nombreux pays, comme la Chine, qui représente un marché considérable pour l’industrie du cinéma. Par ailleurs, en Russie, un des dialogues du dernier Pixar « En Avant » a été modifié et une scène de sexe dans « Rocketman » a été supprimée lors de sa sortie en salle. Même aux Etats-Unis certaines personnes ont boycotté « Le Monde de Dory », sous prétexte qu’un couple de femmes apparaissait quelques secondes. Encore une fois, il est possible de nuancer et d’argumenter que ces petits efforts montrent déjà un progrès de la société. On peut saluer la bonne volonté des personnes qui s’évertuent à être inclusives, mais se voient forcées de faire marche arrière devant certaines contraintes. Mais sommes-nous si désespérés de voir des personnages qui nous ressemblent que nous pouvons nous contenter de ces demi-représentations ?

Le cinéma reflète parfois les opinions de la société, et réciproquement les histoires racontées à l’écran véhiculent un certain message et peuvent elles-mêmes nous dicter quoi penser. Si le fait d’être gay ou lesbienne reste présenté comme quelque chose dont on n’ose pas parler, il sera toujours aussi difficile de sortir du placard. Nous avons besoin de modèles à qui nous identifier, autres que ceux dont on doit rire ou avoir honte. Nous avons besoin de voir que les relations queer ne valent pas moins que les romances hétérosexuelles. D’entendre plus de récits qui ne mettent pas l’orientation sexuelle du héros ou de l’héroïne au centre de tout. Et nous n’avons même pas parlé des représentations des personnes transgenres, asexuelles ou intersexes, qui restent infimes dans l’industrie du divertissement, en comparaison de l‘homosexualité ou de la bisexualité. Heureusement, de plus en plus de séries réussissent parfaitement à mettre en scène des personnages queers variés et complexes, et de nos jours nous pouvons profiter d’une multitude de films de qualité spécialement adressés aux personnes LGBT+. D’autres articles à ce sujet sont disponibles sur QGNews, n’hésitez pas à les consulter ! Category is : Divertissement !

*petite précision étymologique, « queer » est un mot anglais qui signifie « bizarre, étrange » utilisé comme un terme péjoratif à l’encontre de la communauté LGBT+. Ses membres se le sont par la suite réapproprié pour affirmer leur fierté d’être différent-e-s.

Nos recommendations pour un (dé)confinement divertissant

Illustration de la série Pose

Vous n’en pouvez-plus de rester enfermé-e-s nuit et jour chez vous ? Vous avez besoin de décompresser après le travail en cette période difficile ? À tous ceux et toutes celles qui auraient déjà épuisé leurs suggestions Netflix ou commenceraient à manquer d’inspiration, voici quelques recommandations de films et séries LGBT+, à voir pour la première fois ou à redécouvrir, pour se changer les idées et se déconfiner dans la bonne humeur !

Nous commençons par un grand classique : « Paris is burning ». Il s’agit d’un film-documentaire sorti en 1991, réalisé par Jennie Livingston dans les années 80, qui explore le milieu queer et la sous-culture des « ballrooms » à New-York. Les scènes de bals sont entrecoupées de nombreuses interviews, dans lesquelles les personnes interrogées s’expriment sur les problèmes de santé, de racisme, d’homophobie ou transphobie que connaît la communauté LGBT+ à cette époque.

Sous la forme d’une fiction, « Pose », magnifique création du réalisateur Ryan Murphy co-écrite avec Brad Falchuk et Steven Canals, aborde la même thématique. La série explore la vie de personnages provenant de différents milieux sociaux, la formation des maisons (famille d’adoption pour les jeunes queers rejetés de chez eux), la concurrence entre celles-ci, les ravages causés par le sida dans les années 80…certains épisodes chargés d’émotion vous mettront certainement les larmes aux yeux. Et pas question de white, pink, ou straight-washing : le casting de « Pose » se compose majoritairement de membres de la communauté LGBT+ noire et latino, et réunit de nombreuses actrices transgenres. La série a été renouvelée pour une troisième saison originellement prévue pour 2020, alors restez à l’affût des prochaines informations.

Fréquentés majoritairement par la communauté LGBT+ afro-américaine, les bals étaient des espaces sûrs où n’importe qui pouvait « marcher dans une catégorie », c’est-à-dire s’affronter devant un jury en défilant dans des tenues correspondant à un thème défini (impliquant souvent que les hommes et les femmes se travestissent). C’est également de là que provient le « voguing », un style de danse qui, à l’origine, se base sur l’imitation des poses des mannequins dans les magazines de mode. L’influence de ce milieu underground s’observe de nos jours dans le vocabulaire des drag-queens, par exemple, ou dans « l’argot gay » anglais ; le « voguing » a gagné en popularité ces dernières années et se pratique désormais par un public bien plus large, pas seulement aux Etats-Unis. Une grande partie de la scène du drag actuelle est issue de cette sous-culture et des séries comme RuPaul’s Drag Race font souvent directement référence au documentaire « Paris is Burning ».

Nous quittons maintenant New-York pour Pittsburgh, en Pennsylvanie, avec « Queer as Folk », une production américano-canadienne diffusée dans les années 2000, adaptée de la série britannique du même nom. La version étasunienne suit la vie de cinq amis homosexuels, d’un couple lesbien et de leur entourage, sur une période de plusieurs années que couvrent 5 saisons. L’émission ne se contente pas seulement de décrire des relations amoureuses tumultueuses vécues par des personnages plus attachants les uns que les autres, elle s’attaque également à des sujets tels que le coming-out ou la place des homosexuel-le-s dans le paysage médiatique et politique de l’époque. 20 ans plus tard, cette série est toujours iconique !

Dans un registre plus léger, nous vous proposons également deux comédies qui aideront à vous changer les idées :

« 4th man out » raconte l’histoire d’Adam, qui, le jour de ses 24 ans, décide de faire son coming-out à ses meilleurs amis, tous trois hétérosexuels. Le film n’évite pas quelques clichés, mais certaines scènes ne manqueront pas de vous faire éclater de rire et on appréciera le scénario, qui ne se concentre par sur les intérêts romantiques du personnage principal mais sur l’évolution de la relation amicale qui lie les quatre hommes entre eux.

Sous un angle humoristique, « But I’m a Cheerleader » relate les mésaventures de Megan, une pom-pom girl que ses parents soupçonnent d’être lesbienne et envoient de force en thérapie de conversion. La jeune fille découvre alors son homosexualité et se noue d’amitié avec ses camarades d’infortune ; ils/elles traverseront ensemble des épreuves caricaturales de repassage pour les filles, et de réparation d’automobile pour les garçons, afin d’obtenir leur « diplôme d’hétérosexualité ». Même si cette comédie ne révolutionne pas le genre, elle reste merveilleusement divertissante !

Trouverez-vous votre bonheur parmi ces quelques suggestions ? En attendant la prochaine liste de recommandations spécialement LGBT+, n’oubliez pas…restez chez vous !

Pour regarder ces suggestions :
- « Paris is burning » à voir sur Netflix. Vous pourrez le trouver facilement sur Youtube.
- « Pose » à voir sur Canal +.
- « Queer as Folk » n'est pas disponible en streaming légal.
- « 4th man out » à voir sur Netflix. Vous pourrez le trouver facilement sur Youtube.
- « But I’m a Cheerleader » n'est pas disponible en streaming légal.

40 LGBT+ qui ont changé le monde

Illustration du livre 40 LGBT+ qui ont changé le monde

L'Histoire, à l'école, on peut le reconnaître, ça peut vite être barbant, selon comment c'est présenté...
De ces heures passées à se dormir dessus, une bonne partie de la population a développé une allergie à l'Histoire, mais Florent Manelli a trouvé le remède !

Par des portraits de personnages, plus courageux et audacieux les uns que les autres, il nous explique notre histoire à nous, les queers...

Et oui, bien qu'aujourd'hui il y ait encore beaucoup de chemin à parcourir pour les droits de la communauté queer, regardons un peu en arrière, afin de voir aussi tout ce qui a déjà été fait !
On part loin, dans des pays ou des époques où il en fallait une sacrée paire (d'ovaires, de testicules, ou de ce que tu veux) pour faire avancer les droits LGBT+ !
Beaucoup ont risqué leur vie, au nom de ce combat, et il est important de s’en rappeler...

D'une plume légère et poétique, Florent Manelli nous dresse 40 portraits de personnages à qui dire merci, 40 portraits qui l'ont fait, qui nous inspirent, et qui nous disent : Surtout, n'arrêtez pas de vous battre pour vos droits.
Il a même pensé à toi qui n'aime pas trop lire, en mettant des petites illustrations tout au long des textes, pour rendre le tout encore plus addictif !

On te le conseille vraiment, tu vas devenir incollable sur la culture queer !

40 LGBT+ qui ont changé le monde, Florent Manelli, Editions Lapin (2019). En savoir plus : florentmanelli.com

Gentlemen, start your engines, and may the best woman win!

Hello, hello, hello !

Amateurs et amatrices de talons aiguilles, de tenues flamboyantes, de drame surjoué et de lip-syncs à s’en décrocher la mâchoire, vous n’aurez certainement pas manqué le début de la douzième saison de RuPaul’s Drag Race, diffusée depuis le 28 février dernier. Devenue un phénomène planétaire en quelques années, cette téléréalité connaît un succès grandissant auprès de la communauté LGBT+ comme auprès du grand public.

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas RuPaul (Incroyable mais vrai, c’est possible), il s’agit non seulement d’une drag-queen étasunienne, mais aussi d’un acteur, chanteur et producteur ayant acquis le statut d’une célébrité à la renommée internationale. Depuis 2009, il anime et produit RuPaul’s Drag Race : une compétition dans laquelle s’affronte une dizaine de drag-queens pour obtenir le titre de « America’s Next Drag Superstar », en plus d’une récompense de plusieurs milliers de dollars. Chaque épisode s’articule autour d’un défi bien précis de danse, de chant, de couture ou encore de comédie, et se termine par l’élimination déchirante de l’une des participantes.

“Drag is art, and art is subjective” – The Boulet Brothers

Traditionnellement, le drag consiste, pour un homme ou pour une femme, à porter des vêtements habituellement associés au sexe opposé et à parodier les stéréotypes de genre. On désigne généralement les drag-queens sous le nom de « female impersonator », cependant, cette vision ne cesse d’évoluer, et de nos jours le drag est souvent considéré comme une forme d’expression artistique ouverte à tous, consistant à libérer sa créativité plutôt qu’à donner l’illusion d’appartenir à un autre sexe. Par ailleurs, faire du drag ne donne aucune indication sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de la personne, quelques hommes bisexuels et hétérosexuels ont même pris part à ce genre d’émissions télévisées.

“We’re all born naked and the rest is drag.” – RuPaul

Que l’on adhère ou non à cette série, on ne peut pas nier son impact révolutionnaire. Son plus grand succès est certainement d’avoir réussi à rendre « mainstream » une grande partie de la culture « queer ». Sa popularité contribue à normaliser de nombreuses problématiques auparavant taboues, à donner une visibilité énorme à la communauté LGBT+ et à offrir une plateforme immense à des centaines d’artistes queers. Au cours des épisodes, nous avons régulièrement l’occasion d’écouter les compétitrices parler de leurs vécus personnels et des difficultés que connaissent encore les personnes LGBT+ dans le monde, devenant ainsi une source d’inspiration pour les plus jeunes téléspectateur-rice-x-s. Reflet d’une société de plus en plus ouverte ou architecte d’un monde plus tolérant, RuPaul’s Drag Race s’est même vu récompensée de cinq Emmy Awards en 2018, dont celui de meilleure émission de téléréalité et de meilleur présentateur d’émission de téléréalité pour RuPaul.

La série, en plus de s’être exportée au Royaume-Uni en 2019, a ouvert la voie à de nombreuses autres émissions comme « Drag Race Thailand », « La Más Draga » au Mexique, ou encore Dragula. Cette dernière émission ne sera sûrement pas au goût de tout le monde, car les participant-e-x-s, qui s’affrontent pour le titre de « Next Drag Super Monster » relèvent des défis parfois plus violent et plus dérangeant pouvant heurter les plus sensibles. Mais il est important de noter que l’année dernière, le casting se composait non seulement de drag-queens, mais aussi de drag-kings et d’artistes non-binaires.

Après toutes ces louanges vient le moment de nuancer un peu. En effet, RuPaul a été maintes fois sous le feu des critiques pour ses propos transphobes, on lui a également reproché d’exclure volontairement les personnes transgenres de son émission, pourtant pionnières dans l’art du drag. Suite à une polémique en 2018, une drag-queen ayant entamé sa transition avait été invitée à revenir pour la quatrième édition de « RuPaul’s Drag Race : All stars », mais malgré cela, une majorité d’hommes cisgenres reste toujours représentée dans les dernières saisons. Rappelons aussi qu’il s’agit d’une téléréalité, où tout est mis en scène, parfois truqué, et qui ne donne à voir qu’une petite partie de ce qu’est le drag ou de ce qui constitue la culture LGBT+. Drag Race n’est donc pas un incontournable ni l’unique référence en matière de drag, et la « Gay Card » ne s’obtient pas non plus en regardant la série. Celle-ci peut d’ailleurs donner beaucoup d’attentes irréalistes aux plus jeunes membres de la communauté ou même aux personnes découvrant cet univers. Au-delà d’une apparence fabuleuse, une drag-queen sait avant tout animer une soirée comme personne, sans forcément avoir besoin de 15 changements de tenues ni d’acrobaties à en donner le tournis, bref, rien ne vaut une véritable performance en direct, dans un bar ou en boîte de nuit !

Pour terminer, nous saluons au passage la toute première drag-queen française à faire partie de l’aventure : Nicky Doll ! Croisons les doigts pour qu’elle aille loin et fasse honneur au drapeau bleu blanc rouge.

Bon visionnage à tou-te-x-s les fans de la première heure, et pour les autres, nous espérons que cet article vous aura convaincu de vous plonger dans ce fantastique divertissement sans plus attendre !

And don’t forget, if you can’t love yourself, how in the hell are you going to love somebody else! Can I get an amen up in here?

Ton album arc-en-ciel

Illustration de l'album arc-en-ciel

Mixte, non genré, Ton album arc-en-ciel est un livre de naissance illustré conçu par les LGBTQI+ pour les LGBTQI+. Ayant constaté l’absence en France, en librairie ou sur internet, de livre de naissance pour famille homoparentale, nous avons décidé de combler cette lacune, source d'inégalité et de discrimination, en créant nous-mêmes le livre dont tant de couples ont besoin !

Ton album arc-en-ciel est un livre ouvert : pas besoin de rayer les mentions inutiles, l'album s'adapte aux multiples configurations possibles des familles. Chacun peut y inscrire les particularités de sa parentalité (couples lesbiens, couples gays, co-parentalité) et y raconter son histoire. Nous avons accordé une place importante à la libre expression et certains chapitres abordent des aspects spécifiques à l'homoparentalité (PMA, famille choisie, arbre généalogique ouvert – à plusieurs branches, non restreint à la famille biologique) ou peu présents dans les albums hétéro-normés (la rencontre, la construction du projet parental). Nous tenions également à sortir des stéréotypes de genre : l'album est mixte, les personnages sont non sexués, les couleurs non genrées et l'écriture inclusive. Enfin, dernière spécificité mais non des moindres, cet album a été réalisé en concertation avec les familles homoparentales elles-mêmes, pour qu’il réponde au mieux à leurs besoins.

Aujourd’hui, Ton album arc-en-ciel est en vente sur le site tonalbumarcenciel.fr ainsi que chez quelques partenaires libraires. Vous pouvez nous suivre sur Facebook, Twitter et Instagram.

Le bon plan du QG : -10% sur votre commande en passant par contact@tonalbumarcenciel.fr avec le code QUEERGAIES

« L Word », le retour !

Photo des acteurs de la série L Word

Aujourd’hui, Queer Gaies News vous parle d’une série culte pour notre communauté : « The L Word ». Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que cette série, qui retrace la vie de différentes femmes lesbiennes, a eu un réel impact sur notre communauté et sur la façon dont cette dernière est perçue. « L Word » voit le jour en janvier 2004 grâce à la réalisatrice Ilene Chaiken. De son idée naissent Shane, Alice, Bette, Tina, Jenny, Helena, Carmen, des personnages fictifs qui deviendront des icônes de notre génération. Malheureusement, la série prend subitement fin en mars 2009. Le mystère entourant la mort de l’une des héroïnes restera donc entier jusqu’en automne 2019, lorsque « The L Word : Generation Q » fait son grand retour. La série revient avec de nouveaux visages (en gardant tout de même quelques personnages emblématiques tels que Shane, Bette, Alice), une nouvelle intrigue, de nouvelles romances, du drame : le mélange parfait pour passer de bons samedis soirs au chaud entre ami.e.s !

Bon plan Queer Gaies : 1 mois gratuit avec Canal + pour regarder votre série préférée.